Cette offensive de Bouguerra Soltani constitue-t-elle une démarche visant à se démarquer des choix du président Bouteflika? Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) ouvre le débat sur le code de la famille au lendemain de l'installation par le président Bouteflika d'une commission chargée du dossier. Hier à l'hôtel Essafir à Alger, ce parti donne le ton, en rejetant tout simplement ce qu'il qualifie «de jeux électoralistes». «Il est quand même étonnant de voir le pouvoir en Algérie s'intéresser à cette question, alors que d'autres dossiers, plus importants, restent en suspens», explique le président du parti, M.Bouguera Soltani. Les dossiers brûlants de l'actualité auxquelles toutes les intentions doivent se concentrer sont, de l'avis du conférencier, la grève des lycées et le spectre de l'année blanche qui se profile à l'horizon, mais aussi la crise en Kabylie «qui se dirige vers le pourrissement». Pour le MSP donc, le contexte dans lequel le code de la famille a été remis au devant des préoccupations nationales, reflète, pour le moins, les arrière-pensées politiques qui le motive. «Nous aurions souhaité que ce dossier soit confié aux juristes et spécialistes, loin des comportements politiques». Bouguera Soltani faisant bien évidemment allusion à la course pour la magistrature suprême du pays, il rejoint, dans ce sens, l'avis des observateurs ayant vu dans les derniers chantiers relancés par le président, tels que la réforme pénitentiaire, l'éducation nationale et le code de la famille, les prémices d'une campagne électorale pour la présidentielle de 2004. Le MSP estime que l'actuel code de la famille, «contrairement à ce que certains veulent nous faire croire, ne constitue pas l'origine des problèmes de la famille algérienne». Mieux encore, le président du parti précise que «ceux qui demandent l'annulation pure et simple de ce texte, lutte en réalité contre l'islam et les derniers textes en Algérie qui s'inscrivent dans le cadre du respect de cette religion». Le successeur du cheikh Mahfoud Nahnah, tout en approuvant les démarches visant à renforcer les droits de la femme algérienne, rejette néanmoins catégoriquement l'idée de l'annulation de l'actuel texte, «laquelle constitue la mission principale de la commission installée par le président». Il accuse, en des termes à peine voilés, les défenseurs de cette démarche comme les premiers ennemis de la famille algérienne. «Leurs objectifs étant de diviser la famille et de créer un faux combat entre l'homme et la femme». «Le code de la famille n'est pas un code pour la femme, il faut qu'on arrive à faire la part des choses avant de penser à n'importer quelle révision», c'est l'avis de la secrétaire chargée de la coordination et de la femme au sein du parti. Cette dernière emboîte le pas à son président et met en garde contre l'empiétement des principes sains de l'islam. Le président de l'association caritative basée à Belcourt, M. Chamseddine, a précisé, pour sa part, que ce projet porte l'empreinte «des laïcs», lesquels sont appuyés par des organisations internationales occidentales. Cette sortie du MSP, qui vient au lendemain de la réunion de son conseil consultatif, semble s'inscrire en droite ligne dans la stratégie du redéploiement du parti, après sa traversée du désert, traduit par des résultats très modestes visibles dans les dernières échéances électorales. Cette offensive de Bouguerra Soltani, constitue-t-elle une démarche visant à se démarquer des choix du président Bouteflika? En d'autres termes, Bouguerra consomme-t-il le divorce avec l'actuel président?