Seuls les partisans de la réconciliation ont trouvé le temps de se positionner par rapport à cette sortie qui annonce de grands bouleversements politiques. Il faut dire, pour commencer que la sortie Abassi Madani a fait l'unanimité sur un point au moins : tous ceux que nous avons réussi à joindre, PT, Islah, FFS et mouvement de redressement, démentent avoir été destinataires de la fameuse plate-forme. Djamel Ould Abdessalam du mouvement Islah va encore plus loin en rappelant que dans la dernière sortie de Abassi, ce dernier avait clairement indiqué que «sa démarche s'adresse directement au peuple et se passe de l'intermédiaire que constituent les partis politiques». Sur le plan du fond, le même parti refuse de se prononcer dans l'état actuel des choses. «En dépit de l'insistance du présentateur, l'invité a refusé de dévoiler sa stratégie. Nous ne pouvons donc ni la soutenir ni la condamner». Il ajoute, concernant les quelques points qui en ont été développés que ces derniers «ont toujours fait partie du programme du mouvement Islah». Taâzibt du PT indique pour sa part que son parti «ne s'est pas encore prononcé sur la question», ajoutant que «cela se fera sans doute lors de la réunion des membres de la direction». Il souligne au passage «les différences existant entre la démarche proposée par Abassi et celle du PT dont le leitmotiv a toujours été la réconciliation nationale». Il rappelle à ce sujet que «le PT avait proposé, à la suite de la démission du président Zeroual en 98, un congrès algérien national, auquel devait prendre part tous les acteurs, sans exclusive, y compris les leaders politiques du FIS et les représentants des services de sécurité afin de dégager une solution politique, concertée et politique et cesser enfin l'effusion de sang». Il admet que les données ont changé depuis. La position du PT, donc, devrait en tenir compte. Du côté du FFS, en l'absence de Karim Tabbou qui se trouve en déplacement, c'est M.Lamdani qui s'est chargé de nous annoncer que «le FFS se prononcera publiquement sur la sortie de Abassi Madani ce dimanche à l'issue de la réunion du conseil national du Front des forces socialistes». Le porte-parole des redresseurs, Kara Mohamed-Seghir, qualifie de «non-évènement cette sortie, qui est celle d'un citoyen ne représentant que lui-même, au même titre que Khaled Nezzar ou quelqu'un d'autre». Il fait sienne la position réconciliatrice du coordonnateur national du mouvement, ajoutant que «c'est également celle du président Bouteflika, celle que soutient le FLN et dont ont dévié Benflis et ses hommes». Ahmed-Taleb Ibrahimi, en déplacement à l'ouest du pays, n'a pas jugé utile de s'arrêter sur le sujet. Du côté du FLN, on parle également d'un non-évènement sans commentaire supplémentaire. Il apparaît donc que seuls les réconciliateurs ont pu ébaucher des positions par rapport à la sortie de Abassi Madani qui annonce peut-être de grands bouleversements dans la vie politique nationale, notamment en matière de traitement de la crise sécuritaire. En revanche des partis comme le RND et le MSP sont demeurés injoignables pendant toute la journée d'hier. Hamrouche, pour sa part, continue de se murer dans mutisme sans faille. Les analystes s'accordent à dire, toutefois, que le sujet de la plate-forme brandi par l'ancien numéro 1 de l'ex-FIS peut fort bien constituer le fameux thème central de la campagne électorale que cet ancien chef de gouvernement appelait de tous ses voeux avant d'officialiser sa candidature.