Le procès du vice-président irakien Tarek al-Hachémi, jugé par contumace à Baghdad pour avoir commandité des assassinats, a été ajourné hier, le temps pour la cour d'appel fédérale de se pencher sur une question de procédure. M.Hachémi se trouve aux dernières nouvelles en Turquie, pays qui refuse de l'extrader vers l'Irak. Le vice-président et certains membres de sa garde rapprochée sont poursuivis pour 150 chefs d'inculpation, en particulier le meurtre de six juges et de plusieurs hauts responsables, dont le directeur général du ministère de la Sécurité nationale. Fin mai, les avocats du vice-président avaient demandé à faire citer comme témoins le président irakien, Jalal Talabani, son chef de cabinet Nasser al-Ani, l'ancien vice-président Adel Abdel Mehdi et quatre députés du bloc Iraqiya, dont M.Hachémi est l'un des leaders. Les juges ayant refusé, les avocats ont saisi la cour d'appel fédérale, a expliqué Mouayad al-Izzi, chef de l'équipe de défense de M.Hachémi, ajoutant que la cour avait «demandé à examiner l'affaire dans sa totalité ainsi que notre recours». A l'audience d'hier, l'un des juges a dit «avoir l'obligation de suivre la décision de la cour d'appel» et de suspendre les audiences le temps que le recours soit examiné. Le juge n'a pas fixé de date pour la prochaine audience, mais selon Abdelsattar Bayraqdar, porte-parole du Haut Conseil judiciaire, elle devrait avoir lieu le 24 juillet. M.Bayraqdar a ajouté que M.Hachémi serait aussi jugé à partir du 1er octobre pour une autre affaire, sur laquelle il n'a fourni aucun détail. Le procès par contumace de Tarek al-Hachémi s'est ouvert le 15 mai dans les locaux de la cour centrale criminelle d'Irak, à l'ouest de Baghdad. Hier, pour la première fois, le tribunal s'est réuni dans ses nouveaux locaux, dans la «zone verte» ultra-protégée du centre de Baghdad, là même où s'était tenu le procès de l'ancien dictateur Saddam Hussein. Lors des débats, des policiers ont affirmé que des pistolets équipés de silencieux avaient été retrouvés dans la maison de M. Hachémi et dans celle de son gendre et secrétaire personnel, Ahmed Qahtan. Des gardes du corps et d'autres responsables ont également assuré avoir mené des attaques sur ordre du vice-président, sous la contrainte ou contre paiement. M.Hachémi, un sunnite, dénonce depuis des mois une procédure à des fins purement politiques, s'inscrivant dans le conflit qui oppose depuis décembre sa famille politique, le bloc Iraqiya dominé par les sunnites, au Premier ministre, le chiite Nouri al-Maliki, qu'il accuse d'autoritarisme.