À l'inverse d'Ariel Sharon, qui refuse d'entendre parler de l'initiative de paix de Genève, Yasser Arafat exploite politiquement l'évènement dans le but d'affaiblir le chef du gouvernement israélien. Ennemis jurés, le patron du Likoud et le chef du Fatah poursuivent, chacun à sa façon, la guerre qu'ils se livrent à distance depuis des années. Ils s'échangent insultes et critiques acerbes à la moindre occasion. Sharon et Arafat ne s'entendent sur aucun sujet. L'initiative de paix de Genève, lancée par des personnalités israéliennes et palestiniennes, en est la parfaite illustration. Et c'est là qu'apparaît la différence sur le plan politique entre les deux hommes. Militaire de carrière et dépourvu de culture politique, Ariel Sharon a, d'un revers de la main, balayé la proposition de paix née en Suisse, y voyant d'abord un danger imminent pour sa personne et pour le grand Israël dont il rêve toujours. Sans l'approuver ni l'appuyer officiellement, Yasser Arafat utilise cette nouvelle occasion pour se repositionner sur la scène internationale en envoyant à Genève deux de ses représentants pour assister à la cérémonie de son lancement officiel avant-hier. En dépit d'un soutien croissant à ce projet au sein de la communauté internationale, à l'exemple de l'appui rendu public par 58 personnalités mondiales, le président de l'autorité palestinienne fait preuve, comme à son habitude, de beaucoup de subtilité en exploitant l'événement à son avantage. Son immense influence sur la politique palestinienne fait dire à certains analystes que Yasser Abd Rabbo, l'un des principaux promoteurs de l'initiative, en compagnie de l'ancien ministre israélien, Yossei Beilin, n'aurait jamais agi sans son aval. Ceci dit, Arafat ne laisse rien transparaître sur le rôle qu'il a dû jouer dans la préparation de ce projet. Son but inavoué mais évident est d'affaiblir Ariel Sharon en le présentant comme un ennemi de la paix aux yeux de l'opinion publique interne et étrangère. Et c'est là également une manière de forcer la main au Premier ministre israélien en le poussant à reprendre langue avec les Palestiniens dans le cadre de la mise en œuvre de la “feuille de route”, qu'il a mis sous l'éteignoir depuis plusieurs semaines. À voir la reprise des contacts constatée ces derniers jours entre les deux parties, alors que le chef du gouvernement israélien rejetait toute négociation tant que les services de sécurité n'étaient pas confiés à un ministre de l'Intérieur, Yasser Arafat peut estimer avoir atteint l'un de ses objectifs. Il a réussi à mettre en difficulté Ariel Sharon, qui a préféré relancer la mise en œuvre de la “feuille de route”, sans avoir obtenu gain de cause sur ses exigences, que d'accepter l'initiative de Genève qu'il juge trop favorable aux Palestiniens à son goût. Arafat, qui ne risque pas d'apposer sa signature au bas du document élaboré à Genève, car ce dernier ne reconnaît pas le droit au retour aux réfugiés palestiniens, qui demeure une revendication-clé pour lui, a su tirer profit d'un événement qu'il n'a jamais cautionné officiellement. D'ailleurs, le rejet de ce projet par le Fatah, organisation totalement sous le contrôle du leader de l'OLP, et par les principaux mouvements palestiniens constitue la preuve la plus éclatante que Yasser Arafat a manœuvré habilement pour pousser son vis-à-vis à la faute. C'est la toute la différence entre un vieux briscard de la politique et un militaire carriériste qui continue son initiation à la politique. K. A. Il est détenu par Israël La santé de Marwan Barghouthi se dégrade L'état de santé d'un chef du Fatah détenu par Israël, Marwan Barghouthi, s'est récemment dégradé et l'Autorité pénitentiaire israélienne refuse d'autoriser un médecin à l'examiner, a indiqué, hier, une association qui mène campagne pour sa libération. Selon la “campagne pour libérer Marwan Barghouthi”, le secrétaire général du Fatah en Cisjordanie, 44 ans, souffre de douleurs au dos, à la gorge et à la poitrine “en raison de l'exiguïté de l'endroit, l'humidité et l'isolement permanent dans une cellule qui ne fait pas plus de trois mètres carrés”. De plus, M. Barghouthi n'est autorisé à sortir dans la cour de la prison qu'“une heure par jour, mains et pieds menottés”, a ajouté l'association dans un communiqué. “L'administration de la prison a refusé d'autoriser un médecin à l'examiner et le soigner en dépit de ses demandes répétées ainsi que celles de son avocat”, a ajouté le texte. L'association a affirmé en outre que M. Barghouthi est détenu en isolement depuis onze mois et interdit de visite depuis qu'il a été fait prisonnier en avril 2002. Jugé depuis septembre 2002 devant un tribunal israélien, M. Barghouthi a été inculpé de “meurtres, complicité de meurtre, tentatives de meurtre, appartenance à une organisation terroriste, détention d'armes et d'explosifs”, chefs d'accusations pour lesquels il encourt la prison à vie. Populaire chez les Palestiniens, M. Barghouthi était souvent présenté avant son arrestation comme un possible successeur au dirigeant Yasser Arafat. Quatre Palestiniens, dont un enfant, tués à Ramallah La Cisjordanie a connu, lundi, un regain de violence avec la mort de quatre Palestiniens et d'un enfant durant une incursion de l'armée israélienne à Ramallah. L'armée israélienne, accusée par les Palestiniens d'escalade délibérée, a affirmé que l'opération de Ramallah, baptisée "nouvel élan" et préparée de longue date, visait à prévenir des attentats. D'importantes forces, appuyées par des blindés, ont pénétré avant l'aube dans le camp de réfugiés d'Al-Amari pour arrêter des activistes du mouvement radical Hamas et chercher des caches d'armes et d'explosifs. Trois activistes ont été tués après avoir ouvert le feu et lancé des grenades contre des soldats, selon l'armée. Un enfant de neuf ans a aussi été tué quand des soldats ont tiré à balles réelles contre des jeunes qui lançaient des pierres et des bouteilles incendiaires, selon des habitants. Ces morts portent à 3 630 le nombre de tués depuis le début de l'Intifada, fin septembre 2000, dont 2 710 Palestiniens et 854 Israéliens.