Avec cette loi, on crée des emplois mais dans les pays exportateurs. A la veille du vote par le sénat de la loi de finances 2004 qui a vu la reconduction de la disposition autorisant l'importation de véhicules d'occasion de moins de trois ans, M.Abderahmane Achaïbou, le P-DG d'Elsecom, persiste et signe: «les véhicules d'occasion importés par des particuliers sont pour la plupart, pour ne pas dire tous, âgés de plus de trois ans.» Ce qui explique qu'ils reviennent relativement moins cher. Il reviendra longuement sur l'exemple de la Peugeot 206 (essence, 1,4 litre, 4 portes), vendue à 860.000 DA en Algérie en TTC, et qui revient à 918.000 DA TTC si on l'importe de France avec en prime une ‘‘vieillesse'' de trois ans. «Cette vieillesse correspond toujours à un mauvais état que l'on découvre souvent trop tard sur nos autoroutes qui comptent ces dernières années parmi les plus mortelles du monde». Plus de 4000 morts par an sans compter des blessés dont un grand nombre seront handicapés à vie et à la charge de l'Etat. Des spécialistes de la sécurité routière ont noté que l'hécatombe qui s'abat sur nos routes est essentiellement due à des défaillances mécaniques et au non-respect du code de la route. «Chaque année, près d'un million et demi de véhicules vont à la casse en France et occasionnent des frais de destruction. Sur ce nombre, il y a environ le tiers qui est récupéré, rafistolé avant de subir une falsification de papiers pour le rajeunir de manière à les fourguer à des pays comme le nôtre». Et de se demander: «Pourquoi ne contrôle-t-on pas systématiquement les véhicules importés? Pourquoi se contente-t-on de prendre en considération uniquement les caractéristiques inscrites sur leurs documents? Tout le monde sait qu'il n'y pas plus facile à falsifier que des documents de ce type, d'autant plus qu'ils ne sont visés par aucune administration.» M.Achaibou qualifiera, en outre, les arguments utilisés par les députés pour reconduire cette loi de fallacieux et de populistes. Le premier argument consiste à avancer que l'on continuera à importer des véhicules d'occasion tant qu'il n'y aura pas d'usine de montage de véhicules en Algérie. Nombre de concessionnaires estiment que l'argument qui consiste à dire que cette loi sera maintenue tant que nous n'aurons pas d'usine de montage de voitures, ne tient pas la route. Car tout le monde sait que pour qu'une usine de montage voie le jour, il faudrait avant tout lui assurer tout un environnement industriel qui permette un taux d'intégration d'au moins 30%. De plus, il faudrait que les besoins du marché soient d'au moins 100.000 véhicules par an. On est loin de ces données. Ce qui fait dire à nombre de gens que cette histoire d'usine de montage n'est qu'un prétexte pour maintenir le statu quo. M.Achaïbou estime également que si l'on veut réellement rendre service aux anciens moudjahidines, détenteurs de la licence rendant possible ces importations, «Il faudrait tout faire pour leur permettre d'acquérir ici, au pays, des véhicules neufs auxquels on supprimerait toutes les taxes pour les rendre plus accessibles». Ainsi, on renouvellerait notre parc automobile tout en créant de nouveaux emplois. Avec cette loi, on crée des emplois mais dans les pays exportateurs. Et M.Achaibou de conclure: «Je ne comprends pas.»