Jusqu'à quand continuerons-nous à importer des véhicules d'occasion alors que nous en disposons de neufs et à meilleur prix? Les voitures d'occasion de moins de trois ans, importées par les Algériens, sont, en grande partie, responsables des accidents mortels dont sont le triste théâtre nos routes et autoroutes. De plus, elles s'avèrent, en fin de compte, toujours plus chères que les véhicules neufs vendus chez nous par les concessionnaires. C'est en gros l'essentiel du message lancé par M.Abderrahmane Achaïbou, P-DG du Groupe Elsecom, en direction de la presse, hier en son siège de Bab Ezzouar. Pour étayer ses propos, M.Achaïbou a procédé à une méticuleuse opération arithmétique prenant en compte les prix des véhicules d'occasion en France (principal fournisseur des véhicules d'occasion importés par les particuliers), la parité du dinar face à l'euro et les frais de déplacement et de séjour dans le pays importateur. Pour les prix des voitures, il a été fait appel à plusieurs numéros du journal automobile français l'Argus. A la fin de la démonstration, il s'est avéré qu'une Peugeot 206 (essence, 1,4 litre, 4 portes) vendue à 860.000 DA en Algérie en TTC reviendrait à 918.000 DA TTC au moins si on l'importait de France avec en prime une «vieillesse» de trois ans. Et bien sûr, sans parler de la perte de temps que l'achat de ce véhicule importé engendrerait. De surcroît, les importateurs de ces occasions doivent s'attendre à quelques mauvaises surprises liées à l'état réel du moteur de ces véhicules dont beaucoup sont plus âgés que ce que leurs papiers indiquent. En Europe, les garagistes sont passés maîtres dans l'art de traficoter les compteurs et de maquiller les gros dégâts qu'auraient pu subir ces voitures made in là-bas. On se rappelle toutes les mésaventures qu'ont eu à endurer les acheteurs des fameuses ZH dont beaucoup d'entre elles avaient l'air neuves alors qu'elles avaient fait des tonneaux. M.Achaïbou énumérera d'autres raisons qui militent pour l'arrêt définitif de l'importation de ces véhicules d'occasion qui font de notre pays une poubelle. Ces importations permettent de sauvegarder des emplois dans les pays exportateurs tout en menaçant les milliers d'emplois directs et indirects créés chez nous par les concessionnaires automobiles. Sachant que les importateurs de ces véhicules sont en premier lieu les anciens moudjahidine, M.Achaïbou dira que si l'on veut vraiment rendre service à cette catégorie de citoyens, on pourrait leur permettre d'acquérir en Algérie des véhicules neufs dépouillés de toutes les taxes et les rendant ainsi très abordables. Au lieu de cela, on les pousse à acheter de la ferraille dont personne ne veut en Europe. Tout en leur faisant croire qu'ils réalisent de bonnes affaires. Cette conférence de presse intervient à quelques jours de l'examen de la loi de finances par l'Assemblée populaire nationale. Interdire cette loi qui permet d'introduire dans notre pays des tacots serait faire oeuvre utile. Ne méritons-nous pas d'avoir un parc automobile neuf digne des immenses potentialités de notre pays?