Ils laissent la voie au Conseil constitutionnel pour constituer un dernier rempart. Le parti de Djaballah a jeté un pavé dans la mare. En décidant de proposer au parlement un texte visant à interdire l'importation des boissons alcoolisées, Islah risque de créer un précédent unique dans les annales du fonctionnement parlementaire en Algérie. L'amendement approuvé à l'APN et qui a fait l'objet d'un débat, hier, à la chambre haute semble avoir gagné la faveur des sénateurs. Pour Abderrahmane Belayat, sénateur du tiers présidentiel et membre du comité central, l'amendement en lui-même constitue une absurdité «ou interdire complètement la consommation de l'alcool comme le stipulait le décret de Ben Bella en 1964, toujours en vigueur, ou se lancer dans un autre débat. Au fait le débat concerne la fiscalité et les taxes douanières et non les interdits en religion.» Le président de la commission économique du sénat voit cet amendement autrement puisqu'il considère qu'«il est à l'avantage de l'Office national de la commercialisation des vins (Oncv).» «Ce dernier, explique-t-il, a investi cette dernière année plus de 200 milliards dans la plantation des vignobles». S'agissant des blocages que risque de provoquer ce décret, il dira que les textes de loi sont clairs à ce sujet. Sur la même longueur d'onde, le président du groupe parlementaire du RND, M Benhassir, affirme qu'il vaut mieux laisser passer l'amendement «pour ne pas bloquer la loi de finances 2004 et c'est au Conseil constitutionnel de s'auto-saisir sur la base d'une contradiction au niveau du projet initial du gouvernement qui proposait de revoir les taxes et celui de Islah qui interdit complètement l'importation des boissons alcoolisées». Il ajoute qu'un éventuel rejet de la loi de finances va «enclencher une polémique qui sera à l'avantage des islamistes». En effet on évoque déjà l'anticonstitutionnalité de cet amendement par rapport à la législation et aux engagements extérieurs de l'Algérie. M.Boudina du tiers présidentiel regrette que l'amendement soit voté par la chambre basse ce qui lui fait dire qu'il ne votera pas simplement une loi de demi-mesure. Les sénateurs du FLN semblent faire profil bas puisqu'ils ne s'opposeront pas à cet amendement à en croire le chef du groupe parlementaire, M.Kamiri. Faut-il interdire l'importation des boissons alcoolisées ou interdire tout simplement la consommation de l'alcool en Algérie? «Le bureau avait toutes les garanties de son aboutissement», a déclaré un député du parti Islah au lendemain de cet amendement. Il convient de s'interroger sur le type de garanties que le parti de Djaballah a reçues et par qui ont-elles été données? Ou alors il s'agit juste d'une exploitation stratégique et judicieuse des turbulences qui laminent le FLN en profondeur.