Depuis le début du mois de jeûne, on assiste à des scènes de violence ayant pour cible principalement les personnels affectés aux services d'aide médicale urgente des hôpitaux. Selon certains, elles seraient l'oeuvre de parents qui n'auraient pas apprécié la manière avec laquelle avaient été traités leurs malades. L'un d'eux a commis l'irréparable, en agressant carrément un médecin. Un geste très répréhensible, même si l'on reconnaît, volontiers, que les Samu sont devenus des mouroirs où l'odeur de la mort plane, en permanence, sur les lieux. Loin de nous l'idée de tenter de justifier quoi que ce soit, nous voulons seulement lever un voile sur ces services sans lesquels les hôpitaux n'auraient plus aucun sens. S'il est vrai qu'ils font un travail admirable et ne ménagent aucun effort pour soulager la douleur des malades, on ne peut pas affirmer pour autant qu'ils sont dénués de tout reproche. Les scènes déplorables auxquelles nous assistons parfois, en même temps qu'elles nous révoltent, nous interpellent et nous font comprendre que beaucoup de choses restent encore à faire. Evacués en urgence, certains malades sont obligés d'attendre parfois plusieurs heures pour être, enfin, pris en charge. Souffrant le martyre, d'autres sont abandonnés à leur triste sort parce que les services sont débordés. Lorsqu'une personne essaie d'attirer l'attention d'un médecin ou d'un agent paramédical sur la gravité de l'état de santé d'un malade, elle est aussitôt renvoyée. Il n'est pas rare de voir un agent réprimander sèchement un patient qui aurait essayé de plaider sa cause. Il y a quelques années, des médecin affectés aux urgences médicales de l'hôpital de la ville de Bouira avaient tenté d'agresser le père d'un enfant malade, qui leur avait reproché d'avoir abandonné leurs postes pour se restaurer, alors qu'ils étaient de garde ce jour-là. Plus grave, l'un d'eux avait refusé d'ausculter l'enfant présenté aux «urgences», en guise de représailles. Il n'est pas interdit d'aller casser la croûte, mais pas lorsque on est de garde. Hippocrate a pourtant balisé le chemin. Il a dû se retourner, en tout cas, plusieurs fois dans sa tombe en voyant cela. Oubliant le serment qu'ils ont prêté, certains praticiens ne se préoccupent que du temps qu'ils sont appelés à passer à l'hôpital et très peu des malades. C'est beaucoup pour négligence et non-assistance à personne en danger que des parents s'en prennent au personnel médical et le réprimandent. La loi protège les médecins, mais pas lorsqu'ils sont coupables de négligence ou de faute grave. D'ailleurs beaucoup s'interrogent sur leur statut et le mutisme fait autour des erreurs médicales qu'ils auraient commises. Mais cela est une tout autre histoire.