Contre toute radicalisation, le débrayage des travailleurs du complexe s'est orienté vers l'apaisement. Finalement, les 4000 travailleurs du complexe Snvi ont mis un arrêt à leur mouvement de grève entamé il y a près d'une semaine. L'accord serait intervenu dès mercredi après-midi entre le syndicat de l'entreprise et la direction générale du complexe. Une information confirmée hier auprès d'une source de l'Ugta à laquelle est affilié le syndicat d'entreprise et qui aurait assisté aux négociations entre les deux parties tout au long de la semaine. Cependant, cet arrangement n'a pas encore complètement les attributs du label officiel, ou du moins du définitif, dans la mesure où pour certains travailleurs, la grève a été déclenchée par ces derniers en dehors de toute instance syndicale et que c'est à eux de se prononcer sur l'issue du conflit, ce qu'ils feront, d'après eux, dès aujourd'hui. Le contenu de l'accord serait une formule de compromis qui accorderait une augmentation de salaire d'un montant de 1200 DA sur le salaire de base pour les travailleurs du complexe. La poire est ainsi coupée en deux entre ce qu'offrait la direction générale au début du mouvement de débrayage, 80 DA seulement, et les 2000 DA réclamés par les travailleurs jugés excessifs par la direction du complexe. Cela va se traduire, selon les syndicalistes du moins, par une augmentation dans le revenu net des travailleurs qui oscillerait entre 2500 et 2600 DA mensuellement. Il faut savoir aussi que les employés de la Snvi demandaient depuis plus d'une année cette augmentation dans le cadre de la révision de la convention collective de l'entreprise et la négociation d'une nouvelle grille des salaires mais sans aucun résultat. Les arguments des patrons de ce complexe mécanique étaient indestructibles jusqu'à présent. Pour eux l'entreprise qui affichait un lourd endettement battait de l'aile sur le plan financier et il était anti-économique, voire «immoral» d'accorder ce genre d'augmentation de salaire. Néanmoins, de l'avis des responsables du complexe, c'est le gel du découvert bancaire obtenu il y a quelque temps qui a permis à l'entreprise de «souffler» sur le plan financier et de pouvoir octroyer aujourd'hui ces augmentations. Seront-elles suffisantes pour contenir, un temps, le rythme cyclique des revendications salariales? En tous cas, les spéculations alarmistes qui ont parcouru durant toute la semaine les unités du complexe Snvi, laissant entendre que les travailleurs allaient radicaliser leur mouvement et même descendre dans la rue, sont démenties par la réalisation de cet accord entre les deux parties. Reste l'avis des irréductibles du mouvement de grève qui pourrait entraîner les travailleurs sur des voies autres que la revendication salariale, telle que celle du clonage syndical particulièrement en vogue ces derniers temps. A la Snvi, demain se décidera aujourd'hui.