Riyad Hijab, Premier ministre depuis trois mois, fait à son tour défection et se réfugie au Qatar Jamais le régime syrien n'a été mis à aussi rude épreuve. Moins de trois mois après sa désignation à la tête du gouvernement, le Premier ministre syrien, Ryad Hijab, fait défection. Un nouveau coup dur pour le régime, après une autre série de défections dans les rangs de l'armée et du corps diplomatique. Les versions divergent quant à la nature de ce départ précipité, de celui qui, pourtant, était connu pour être proche du président Al Assad. Dans un communiqué lu à la télévision Al-Jazeera par son porte-parole, Hijab confirme sa défection et annonce qu'il se rallie à la «révolution». Le Premier ministre et ses accompagnateurs ont passé la frontière jordanienne, avec le soutien de l'armée syrienne libre, avant de se réfugier au Qatar, terre d'accueil pour les opposants syriens. Contrairement à la version de l'opposition, la télévision d'Etat indiquait que «Ryad Hijab a été démis de ses fonctions de Premier ministre» et qu'Omar Ghalawanji, vice-Premier ministre et ministre de l'Administration locale, avait été désigné pour «expédier temporairement les affaires courantes». C'est sans doute, une fois qu'il s'est rendu compte de la «nouvelle» que Bachar Al Assad a pris la précaution de «maquiller» la défection en limogeage. Ancien ministre de l'Agriculture, Ryad Hijab, 46 ans, avait été nommé en juin par le président Bachar Al-Assad à la tête du gouvernement, à la suite des élections législatives du mois précédent. La défection de Hijab intervient quelques heures après l'attentat ayant ciblé dans la matinée d'hier les locaux de la radio et de la télévision publiques. Dimanche, ce sont trois officiers des renseignements politiques à Damas qui ont fait défection et trouvé refuge en Jordanie. Par ailleurs, le premier cosmonaute syrien, le général Mohammed Ahmed Fares, 61 ans, s'est, lui, réfugié en Turquie. La nouvelle de la «rébellion» de Hijab n'a pas manqué de susciter des réactions positives aussi bien au sein de l'opposition britannique que dans les chancelleries occidentales. Pour le Conseil national syrien, la défection de Hijab «signifie que le régime se désagrège. C'est le début de la fin», a-t-il ajouté. Dans un communiqué, le CNS a de nouveau exhorté les dignitaires du régime à faire également défection. A noter que depuis seize mois de conflit fratricide, le régime syrien déjà mis sous pression des sanctions économiques et militaires occidentales, fait face à des vagues successives de défections, encouragées et sans doute même «financées» par le Qatar et certaines capitales occidentales. Le rôle de ces dernières étant évident dans l'encadrement de la révolte dans les principales villes syriennes. Le 8 mars 2012, le vice-ministre du Pétrole, Abdo Houssameddine, annonce son départ pour dénoncer la «brutalité» du régime de Bachar Al Assad. Il sera suivi par le général Manaf Tlass, un haut gradé de l'armée et ami d'enfance du président et fils du général Moustapha Tlass, ex-ministre de la Défense et ami de longue date de Hafez Al Assad. Par ailleurs, plusieurs diplomates ont tourné le dos au régime, à l'image de l'ambassadeur de Syrie à Baghdad, Nawaf Fares, qui a, lui aussi, trouvé refuge à Doha. Le 24 juillet, ce sera au tour de l'ambassadeur syrien aux Emirats arabes unis, Abdel Latif al-Dabbagh et de son épouse, la chargée d'affaires syrienne à Chypre, Lamia Hariri, de faire défection. Le 30, le chargé d'affaires syrien à Londres, Khaled al-Ayoubi, a démissionné, suivi le lendemain du consul de Syrie en Arménie, Mohammed Houssam Hafez. Quatre députés ont également annoncé leur démission pour protester contre la répression du soulèvement. Deux députés indépendants ont annoncé dès avril 2011 leur démission, suivis en janvier 2012 du député Imad Ghalioune, membre de la commission du budget au Parlement qui s'est réfugié en Egypte. Le 26 juillet, une députée de la ville d'Alep, Ikhlas Badaoui, a fait défection et s'est réfugiée avec ses six enfants en Turquie. C'était la première défection au sein du nouveau Parlement issu des législatives de mai. Parmi les désertions les plus spectaculaires, celle le 22 juin d'un pilote d'avion de combat syrien, le colonel Hassan Merhi al-Hamadé, qui s'est enfui à bord de son Mig vers la Jordanie. Cette vague de défections, va-t-elle pousser le régime syrien à lâcher du lest?