En plus du débrayage des commerçants de cette localité, les sièges de la daïra et de la mairie ont été fermés par les citoyens. Des hommes armés ont enlevé avant-hier, mardi, le fils d'un commerçant activant dans la région de Mechtras. Selon des sources locales, la victime, D. Hamid, venait de sortir de chez elle après la rupture du jeûne aux environs de 21h. Il aurait été guetté par ses ravisseurs qui l'ont intercepté à bord de son véhicule de marque Renault Mégane. Il sera emmené vers une destination encore inconnue. Il est également à signaler que la voiture a été retrouvée non loin de la région de Boghni hier dans la matinée. Quant à la victime, on demeure toujours sans nouvelles. Jusqu'à hier après-midi, aucune source n'évoquait une éventuelle demande de rançon. Cependant, et selon des sources locales, les villageois commencent à s'organiser autour de la maison de la victime pour d'éventuelles actions à entreprendre pour sa libération. Tôt dans la matinée, les choses s'accéléraient. La colère difficilement contenue, les populations ont spontanément improvisé une grève. Parallèlement, d'autres citoyens ont décidé de fermer les sièges de la daïra et de la mairie. En fait, ce sentiment de révolte qui coïncide déjà avec le mois de Ramadhan est difficile à contenir également à cause de la persistance de l'insécurité malgré les incessants appels lancés à l'endroit des pouvoirs publics. Jusqu'à hier après-midi, la situation était toujours tendue en l'attente d'un élément nouveau ou d'un dénouement heureux. Toujours au même registre des enlèvements, la dernière victime à être signalée est du même patelin. C'était dans un village des Ouadhias qu'habitait le commerçant kidnappé la nuit de mardi 24 juillet dernier. Agé de 47 ans, le commerçant a été libéré quelques heures après son kidnapping par ses ravisseurs qui demeurent toujours inconnus. Aucune information n'est venue depuis confirmer ou infirmer l'éventuel paiement de rançon en contrepartie de sa libération. En fait, cet énième enlèvement de Mechtras n'est pas le premier du genre. La wilaya de Tizi Ouzou, font-ils à rappeler, est le 73e délit. Ce mois de Ramadhan que les gens espéraient passer dans la paix voient ainsi leur voeu non exaucé. L'insécurité aura indéniablement marqué ce mois de piété comme ceux des années précédentes. Ce mois de Ramadhan 2012 s'inscrit dans la même logique. Des enlèvements, des actions terroristes, des vols nocturnes viennent se joindre aux hausses des prix des produits alimentaires. Des convois militaires attaqués à Azeffoun, une bombe à Azazga, des accrochages meurtriers sont le lot quotidien de la région. Cela sans omettre de rappeler que l'insécurité qui persiste ne date pas d'hier. Depuis une décennie, la wilaya de Tizi Ouzou s'offre le palmarès en matière de kidnappings. Un véritable Far-West avec ses 70 rapts avec paiement de rançons. En effet, par le passé, ces groupes armés visaient les commerçants, les entrepreneurs et les grands retraités qui accumulent de l'argent. Avant-hier, les mêmes groupes passent à une autre stratégie qui consiste à enlever les enfants de ces riches pour des rançons. Entre le marteau et l'enclume, les populations ne savent plus à quel saint se vouer. Après des années d'attente, les citoyens ont décidé de se défendre par eux-mêmes. Ce fut, pour rappel, à Iflissen que la mobilisation de plusieurs confédérations de villages a réussi à faire libérer le commerçant enlevé. Puis, aux Ouacifs, à Boghni, à Fréha. La stratégie des populations qui faisaient appel à la solidarité séculaire a souvent été payante en se soldant par la libération des victimes. Toutefois, la persistance de ce phénomène prouve le côté lucratif de ce «commerce».