Belkhadem veut s'épargner une nouvelle confrontation avec les contestataires du Comité central Mohamed Seghir Kara décortique le plan de Belkhadem qui est en train de créer les conditions favorables pour atteindre son objectif. Au FLN, les crises ne finissent jamais. Et les élections locales du 29 novembre prochain risquent de réveiller tous les vieux démons et constituer un nouvel épisode plus agité de la crise. Samedi, le porte-parole du parti, Kassa Aïssi, a annoncé que la direction du FLN a décidé d'annuler la session du Comité central qui devait se tenir avant le prochain scrutin. Cette réunion sera remplacée par une sorte de conférence nationale où les invités seront triés sur le volet. Une démarche qui cache mal les intentions du secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem, qui veut, sépargner une nouvelle confrontation avec les contestataires du Comité central. Mais pas seulement, puisque l'arrière-pensée politique de M.Belkhadem est de se frayer un chemin vers le Palais d'El Mouradia à l'occasion des la prochaine élection présidentielle. En tout cas, c'est ce que croient les contestataires. «En excluant l'idée de tenir une session du Comité central, qui est une tradition à la veille de chaque échéance électorale pour élaborer la stratégie du parti, Belkhadem veut se soustraire à une fronde qui veut lui retirer la confiance»», a déclaré, hier à L'Expression, Boudjemaâ Haïchour, membre du Comité central. Eviter le scénario du 15 juin Autrement dit, le secrétaire général du FLN, qui a vécu les pires moments de sa vie lors de la dernière session extraordinaire du Comité central les 15 et 16 juin dernier avec comme ordre du jour principal sa destitution, ne veut pas voir un tel scénario se reproduire d'autant plus que la contestation est toujours vivace. «Belkhadem a une opposition au sein même du Bureau politique et un bon nombre de membres du Comité central. De ce fait, il craint de faire face à la même situation et propose une sorte de forum», a souligné M.Haïchour, qualifiant ce qui se passe au FLN de «situation d'anachronisme politique et organique». Notre interlocuteur considère que le secrétaire général du parti est dans une situation de non-droit depuis la dernière session du Comité central où, a-t-il rappelé, «pour la première fois, on a introduit d'une manière violente des gens qui ne sont pas membres de cette instance». Le sentiment de l'ex-ministre est partagé par le membre du mouvement de redressement, Mohamed Seghir Kara. Ce dernier trouve normal que Belkhadem annule la session du Comité central car, a-t-il expliqué, «Belkhadem sait que la plupart des membres de ce comité sont contre lui». Notre interlocuteur se fait le plaisir de rappeler que lorsque les redresseurs étaient minoritaires, l'ex-président de l'APN ne ratait aucune occasion pour «nous appeler à nous exprimer dans le cadre du Comité central». Aujourd'hui que les choses sont différentes, Belkhadem a changé d'avis et décide d'annuler carrément cette instance souveraine entre deux congrès. Une démarche préparatoire à la présidentielle Cette démarche s'inscrit également dans le cadre de la préparation de l'élection présidentielle par Belkhadem qui n'a, du reste, pas caché son ambition. «En annulant la session du CC, il veut gagner du temps pour se préparer et se positionner», a indiqué M.Haïchour qui reproche au SG du FLN de se cacher derrière le chef de l'Etat. Mohamed Seghir Kara décortique le plan de Belkhadem qui est en train de créer les conditions nécessaires pour atteindre son objectif. La première séquence, c'est l'annulation de la session du Comité central. La deuxième serait l'élaboration de listes électorales sur mesure, de sorte à ce que les prochains élus lui soient favorables. Par la suite, un congrès extraordinaires sera convoqué avec des congressistes acquis pour reconduire le SG à la tête du parti. Ce dernier procèdera par la suite au changement de la composante humaine du CC en désignant des hommes «dociles» et «loyaux». Et le cas échéant, convoquer le CC pour élire le candidat du FLN à la présidentielle. C'est ce climat que Belkhadem s'attelle actuellement a créer. Et ça fait peur aux contestataires. Boudjemaâ Haïchour dit qu'on «fera tout pour que Belkhadem ne soit pas candidat du FLN». Nos deux interlocuteurs ont appelé les militants à se mobiliser pour barrer la route à cette «démarche suicidaire». Belkhadem, qui manie l'art de botter en touche, réussira-t-il son plan ou finira-t-il par être broyé par ses propres prétentions?