Ce parti en perte de vitesse en Kabylie essaie de se repositionner à la faveur de la nouvelle donne dans la région. Le théâtre communal Kateb-Yacine a abrité, hier, une conférence-débat, animée par des responsables du Rassemblement pour la culture et la démocratie de Saïd Sadi, en l'occurrence MM. Djamel Fardjallah, Amara Benyounès et maître Salah Brahimi, respectivement premier vice-président, secrétaire national chargé des relations avec les institutions, ministre démissionnaire du gouvernement Benflis et le secrétaire national à la jeunesse. Devant une assistance nombreuse, Djamel Fardjallah s'est longuement étalé sur l'analyse de la situation politique du pays, marquée par la contestation et la naissance du mouvement des ârchs en Kabylie. Affirmant, de prime abord, que «les ârchs ne sont pas une création des moukhabarate et affirmer une telle ineptie est une insulte aux martyrs», l'orateur impute la révolte au manque de perspectives, à la dégradation du niveau de vie, ainsi qu'au déni identitaire, avant d'enchaîner que «pour la première fois depuis 1871, la Kabylie se soulève comme un seul homme et aussi, c'est le premier mouvement d'une telle ampleur qui échappe aux islamistes». Accusant le pouvoir qui, dit-il, ne sait opposer que la répression, Fardjallah affirme: «Le RCD est prêt à construire avec les ârchs un mouvement citoyen pour se prémunir contre les abus de pouvoir.» Abordant le thème de la refondation nationale qui, dit-il, «n'est pas venue spontanément avec les événements, mais parce que toutes les réformes initiées par le pouvoir ont été gelées», l'orateur parle d'«une régionalisation modulable en fonction des demandes sociales pour arriver à une intégration nationale. La mémoire nationale existe ainsi que l'Etat central». Enfin, il estime que «la décantation entre les deux projets de société qui s'affrontent, ainsi qu'une période de transition, sont les préalables à la refondation nationale». Maître Salah Brahimi, lui succédant, a retracé les positions du parti depuis sa naissance, en 1989, jusqu'à la démission des deux ministres RCD du gouvernement Benflis, le 1er mai dernier. Amara Benyounès, l'ancien ministre des Travaux publics, a, quant à lui, axé son intervention sur les retombées des attentats anti-américains du 11 septembre en soulignant que «le ministre des Affaires étrangères, M.Belkhadem, n'a pas encore réagi» et que les partisans du «Qui tue qui?» se sont «tus spontanément», avant de marteler que «l'Islam politique conduit au terrorisme». Durant le débat, les conférenciers se sont adonnés au jeu des questions-réponses où les positions traditionnelles du parti ont été réaffirmées.