Le Front uni pour la défense de la République et de la démocratie (FDR, quelque 40 partis politiques opposés au putsch) «demande l'annulation des décrets» de nomination de ministres conseillers. Les camps des opposants et partisans du coup d'Etat du 22 mars au Mali ont dénoncé jeudi dans des communiqués distincts les récentes nominations de ministres au gouvernement de transition ou comme conseillers auprès du Premier ministre Cheick Modibo Diarra. Le président de transition Dioncounda Traoré a, «sur proposition» de M.Diarra, remanié le 20 août le gouvernement: six membres de la précédente équipe n'ont pas été reconduits, 18 ont été maintenus et 13 personnalités ont été nommées (31 ministres au total, contre 24 précédemment). Le Premier ministre a ensuite nommé dans ses services comme «conseillers spéciaux» avec rang de ministre, les ex-ministres des Affaires étrangères Sadio Lamine Sow, de la Communication Hamadoun Touré ainsi que de la Jeunesse et du Travail Mamadou Diakité. Le Front uni pour la défense de la République et de la démocratie (FDR, quelque 40 partis politiques opposés au putsch) «demande l'annulation des décrets» de nomination de ces ministres conseillers. Selon lui, ils ont été désignés sans concertation, «en violation des textes d'organisation des pouvoirs publics». Le FDR «exprime sa vive préoccupation face à cette gestion de l'Etat qui rompt avec les règles du bon fonctionnement des institutions de la République». De son côté, le Mouvement populaire du 22 mars (MP22, front favorable au putsch) a critiqué le nouveau gouvernement, selon lui «formé dans les pires conditions de manipulation et de division des rangs» des groupes pro-putsch. Ce «prétendu +gouvernement d'union nationale+ (...) est en fait une exigence de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest), de la dite +communauté internationale+ et du regroupement» d'anti-putsch, accuse le MP22. Alors qu'à Bamako on tente de sortir de la crise qui paralyse le gouvernement, dans le Nord du Mali, occupé par des groupes islamistes, la population commence à s'organiser pour résister au diktat de ces groupes, notamment au Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest) Après l'occupation du nord du pays, les groupes islamistes ont commencé peu à peu à imposer leur diktat sur la vie des populations locales imposant à tous la chari'â, restreignant les mouvements de population et les libertés en s'attaquant à la presse aux radios privées et aux journalistes. Des journalistes sont ainsi frappés et humiliés, des radios fermées et la musique interdite sur les ondes des radios. La «police religieuse» instaurée par les islamistes impose la terreur à la population qui commence néanmoins à réagir et résister aux oukases des islamistes en empêchant au moins deux fois les islamistes de couper la main à de présumés voleurs. Mercredi, les populations de Gao ont exprimé leur solidarité avec les journalistes brutalisés par les sbires du Mujao. Par ailleurs, l'influent président du Haut Conseil islamique du Mali, El Hadj Mahmoud Dicko a fermement condamné les menées des islamistes affirmant à partir de Bamako «ceux qui veulent appliquer la chari'â doivent être chassés hors du territoire» apportant ainsi une caution morale et un soutien stratégique aux populations du Nord qui résistent à la déferlante islamiste.