Rezki a «fait» de Aïcha une plouc devenue quelqu'un dans tout le Grand Alger. Malheureusement... Quel est donc ce personnage sorti directement des contes moyen-âgeux qui a jeté un mauvais sort, noir, sombre, lugubre en direction de Kamel, ce vieux retraité usé, malade, divorcé il y a de cela près de huit ans et qui n'a plus revu ses cinq enfants, tous adultes en 2012 et dont la maman, une travailleuse libérale dans une importante institution, s'était débarrassé du seul être qui l'avait épousée et envoyée achever ses hautes études supérieures, oui hautes et supérieures qui ont fait de ce petit bout de femme, une grande boss écoutée de tous, respectée et même crainte par les tire-au-flanc et les parasites. Cette dame fonde une famille avec le coup de pouce énorme de Rezki K. un beau blond au sang chaud, au coeur d'or et à la raison pesante. C'est un cadre réfléchi. Il a l'Algérie dans le sang. Il fait beaucoup d'enfants. Il est même muté, très loin du beau bled qui l'a vu naître. Il se donne à fond. Il gâte Aïcha, la belle gentille abordable magnifique. Les années s'écoulent. Les enfants grandissent. Les filles poussent plus que les garçons. Le papa au cours de longues soirées hivernales, ne cesse de raconter les exploits de ses compagnons dans la reconstruction du pays. Au passage, il adore rappeler qu'il a toujours soutenu Aïcha en taisant le «faux «qu'il avait commis sur le certificat de scolarité pour que madame puisse pousser plus loin ses études. Aïcha s'en souvient mais fait l'impasse sur cette dangereuse info. Cette dernière ne montre le bout du nez que lors de la guéguerre qui surgira à la veille du départ en retraite de Rezki. Aïcha se rappelle soudain que Arezki est un plouc. C'est même un arriéré stupide, sot, en retard sur le siècle. Rezki s'aperçoit du virage de madame. Il devient ombrageux. Sa mine est lugubre. Il perd le sens de l'humour et même de l'amour. Il frisera même la violence, car, un beau matin, il rencontre par hasard une de ses filles en compagnie d'un beau gosse à Didouche Mourad. Perdant son sang-froid, il expédia une gifle magistrale qui fera haïr le papa depuis «boycotté» par toute sa progéniture sauf l'aîné touché par cette malédiction qui s'est abattue sur le lion des montagnes où il vit le jour il y a un peu plus de soixante ans. Les relations se détériorèrent. Cependant, rien ne manquait aux enfants. L'ex-épouse bombait le torse. Elle méprisait Rezki au point de ne plus permettre aux enfants de sortir avec le papa désespéré mais non résigné. Il prit un avocat qui déposa plainte pour non représentation d'enfants, fait prévu et puni par l'article 328 du Code pénal qui dispose ceci: «Quand il a été statué sur la garde d'un mineur par décision de justice exécutoire par provision ou définitive, le père, la mère ou toute personne qui ne représente pas ce mineur à ceux qui ont le droit de le réclamer, ou qui, même sans fraude ou violence, l'enlève, le détourne ou le fait enlever ou détourner des mains de ceux auxquels sa garde a été confiée, ou des lieux où ces derniers l'ont placé, est puni d'un emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende de 500 à 5000 DA». Or, Rezki n'est pas satisfait. Il a poussé son avocat à faire appel au 327, pas le 328, indulgent. Il veut que Aïcha risque la peine de deux à cinq ans pour non- représentation d'enfants mineurs. C'était, pour le malheureux père de famille humilié par cette ingrate Aïcha la cupide une manière de se voir réhabilité. Malheureusement pistonnée à souhait, Aïcha l'inculpée de non-représentation d'enfants ne se déplacera pas à la barre et le juge lui fera un «cadeau royal». Elle sera relaxée avec des attendus bizarres et inacceptables dans une République qui se respecte et se plie à une justice saine. Rezki avalera de travers. Il accepte le verdict confirmé en appel. Rezki fait contre mauvaise fortune bon coeur, car il a tant aimé cette femme, la mère de ses bijoux d'enfants. La vie continuera jusqu'au jour de janvier 2012 où il reçut une convocation avec la mention (M) i-e Moutahim (inculpé) de non-paiement de la pension alimentaire. Le coup de manivelle se met en marche. Quatre renvois et un procès expéditif font que Rezki qui a su poser la problématique du dossier car le tort qu'il avait, c'est qu'il remettait de l'argent liquide à ses enfants via l'aîné. Aïcha ne voulut rien savoir. Elle exige les reçus de mandats expédiés. Et comme le pauvre mec n'a jamais respecté la loi, il est debout à la barre en vue d'expliquer l'inexplicable. Le président de la section correctionnelle le lui a dit: «Tout le monde vous croit lorsque vous assénez avoir toujours réglé vos enfants «cash» sauf la loi qui impose les mandats ou les reçus de l'huissier. Seul l'écrit reste», avait martelé le juge qui prit acte des demandes du représentant du ministère public: deux ans ferme et une amende tout aussi ferme. En guise de dernier mot, Rezki avait une folle envie de crier à l'injustice mais il arrivera a articuler: «Je m'en remets à Allah, la Vérité le Miséricordieux, le Généreux, celui qui voit et entend tout! «La tristesse noyait la salle d'audiences...