Le président José Eduardo Dos Santos est au pouvoir en Angola depuis plus de 30 ans Les Angolais sont appelés aux urnes vendredi et devraient sans surprise reconduire au pouvoir le président José Eduardo dos Santos, malgré la protestation grondante dans la jeunesse de ce grand producteur de pétrole. «C'est un moment important dans l'histoire de l'Angola, seulement le troisième scrutin organisé depuis (l'indépendance en) 1975, mais également pour José Eduardo dos Santos, qui n'a pas affronté le vote populaire depuis 1992», souligne Markus Weiner, de l'Institut Chatham House à Londres. Une fois l'indépendance gagnée face au colon portugais, le pays a basculé dans une violente guerre civile entre les deux forces de libération du pays, le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA) et l'Union pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita). Des élections législatives et le premier tour de l'élection présidentielle en 1992 ont vu la victoire du MPLA et de José Eduardo Dos Santos. Mais la reprise des combats -le chef de l'Unita Jonas Savimbi contestant le résultat - a empêché le second tour de la présidentielle et replongé le pays dans la guerre jusqu'en 2002. Les élections suivantes, uniquement législatives, ne se sont déroulées qu'en 2008, le MPLA obtenant 81% des voix contre seulement 10% pour l'Unita. Le scrutin, sous les yeux d'observateurs étrangers, a été validé par la communauté internationale, même si l'Unita a dénoncé des fraudes. Cette année, le pays, qui connaît un développement éclair mais inégal depuis dix ans grâce à sa manne pétrolière, organise donc des élections générales. La Constitution, modifiée en 2010, prévoit que le chef du parti vainqueur devienne le chef de l'Etat. Le principal parti d'opposition a organisé deux manifestations nationales pour demander des élections transparentes et démocratiques. Ayant obtenu gain de cause sur plusieurs points, l'Unita se dit encore insatisfait, déplorant en outre l'absence d'observateurs européens. S'y ajoute une contestation sociale croissante avec l'apparition de manifestations depuis un an et demi, un fait inédit dans le pays dont la majorité de la population vit avec moins de 2 dollars par jour. Lancé par des jeunes demandant le départ du président, au pouvoir depuis bientôt trente-trois ans, le mouvement a été récemment suivi par d'anciens militaires réclamant le paiement de primes de démobilisation et de retraite. «L'accumulation de capital réalisée par certains et l'émergence de quelques nouveaux riches créent une grande frustration au sein de la population», souligne l'historien angolais Fernando Gamboa. Depuis un mois, les rues et places de la capitale se sont couvertes de drapeaux des partis. Il s'agit de mobiliser notamment les jeunes générations, qui n'ont pas connu la guerre et vont voter pour la première fois. La campagne s'est centrée sur la promesse de lutter contre la pauvreté et le chômage afin d'améliorer le quotidien des Angolais, et d'apporter notamment l'eau, l'électricité et une meilleure éducation. A 70 ans, le président dos Santos, qui conduit la liste du MPLA, met en avant la reconstruction des infrastructures du pays et s'engage à poursuivre dans cette voie en distribuant mieux les richesses. Grand favori du scrutin, il mène campagne avec son numéro deux, Manuel Vicente, l'ancien patron de la compagnie nationale pétrolière Sonangol, présenté comme son possible successeur. Surfant sur l'actuel vent de contestation, l'Unita entend incarner le changement et lutter contre les inégalités. Son président, Isaias Samakuva, espère que le vote de vendredi fera oublier la sévère déroute de 2008 et de rassembler un parti traversé par des divisions. Un dernier acteur a fait son apparition en avril et entend bousculer la donne. Abel Chivukuvuku, ancien cadre de l'Unita pendant 38 ans, mène un tout nouveau parti d'opposition, appelé Casa (Convergence ample de sauvetage de l'Angola). Renvoyant dos-à-dos le MPLA et l'Unita, il rencontre un grand succès auprès des jeunes mais manque d'implantation.