«La grève est maintenue jusqu'à la satisfaction de nos préalables.» Si un dialogue sérieux entre le pouvoir et les initiateurs de la grève ne s'amorce pas dans les tout prochains jours, on ira tout droit à l'irréparable. D'emblée, M.Osmane déclare: «La grève est maintenue jusqu'à la satisfaction de nos préalables.» «Il ne revient ni au chef du gouvernement ni à son ministre de réglementer le droit à la grève et de qualifier les délégués de meneurs de grève», dira Osmane en précisant que «le tribunal d'Alger s'est déclaré incompétent». Concernant la reprise des cours, l'orateur annonce: «On reprend quand le Cnapest reprend et ce dernier reprend quand le CLA reprend.» Les mesures prises par le Conseil du gouvernement contre les grévistes sont qualifiées par le CLA d'illégales. Quant à la décision de la tutelle d'ester en justice les meneurs de la grève, Osmane souligne: «Ce sont des accusations diffamatoires pour diviser la base de ses dirigeants. Nous ne sommes pas des meneurs mais des porte-parole.» Selon le porte-parole du CLA «l'article 36 de la loi 90 condamne le remplacement d'un gréviste». «On a déposé des préavis de grève, donc il n'y a pas d'abandon de poste», observe notre interlocuteur en ajoutant que « les conventions internationales ratifiées par l'Algérie deviennent un droit obligatoire». «Seul le Conseil d'Etat est habilité à trancher sur la régularité de la grève», explique Osmane qui continue: «Une centaine d'avocats nous ont affiché leur solidarité.» «Si le pouvoir signe le PV de garanties, nous sommes prêts à suspendre le mouvement de grève très vite et à rattraper le retard», lance-t-il. «Nous sommes le seul corps où nos grades sont verrouillés. On veut une promotion sur le plan pécuniaire et moral», fait remarquer Osmane qui interpelle en urgence l'instance suprême du pays pour débloquer la situation. Selon l'orateur, tous les lycées d'Alger étaient en grève hier, hormis le lycée Garidi II de Kouba. M.Osmane n'a pas, enfin, manqué l'occasion pour fustiger la télévision: «Le courage et le sens de dignité l'ont emporté sur le matraquage médiatique et la campagne propagandiste de la TV.» De son côté, M.Mériane a entamé son intervention en tirant à boulets rouges sur Benbouzid : «C'est un ministre irresponsable. Son département est géré au jour le jour.» «Le Cnapest prend, dira Mériane, la société civile à témoin que la responsabilité du marasme et de l'impasse incombe à la tutelle.» Un membre du bureau national enchaîne: «Le Cnapest suspendra la grève dès que le pouvoir annulera les poursuites judiciaires et ouvrira des négociations.» Mériane reprend la parole: «On nous a dit que nous avons violé un article de la Constitution, eux, les pouvoirs publics ont piétiné les articles 22, 23, 31, 43, 56 et 57 régissant les libertés syndicales et les droits à la grève.» Selon le Cnapest, la reprise des cours au niveau national était hier de 17%. Mériane considère le dialogue comme un préalable à des négociations. «C'est au pouvoir de faire des concessions», suggère-t-il. Concernant le risque que court le mouvement de s'essouffler, le coordinateur national du Cnapest dira: «Au contraire, le mouvement peut rebondir car d'autres paliers vont rejoindre la protestation.» Dans ce sens, nous avons appris que des assemblées générales se tiennent un peu partout dans le pays à l'intérieur des écoles primaires, des CEM et même au sein des universités afin d'emboîter le pas aux PES grévistes. Sur les mesures coercitives du gouvernement, M.Mériane conclut: «Radier 60.000 PES est impossible. Les autorités sont obligées de trouver une solution avant samedi prochain.»