Sellal succède à Ouyahia Zerhouni et Belkhadem quittent le gouvernement. 32 ministres, 15 nouvelles têtes et 3 femmes. On s'attendait à un profond remaniement, mais la liste du nouveau gouvernement a surpris les observateurs. Le Président Bouteflika a procédé à un léger lifting du gouvernement dans lequel ne siègent plus les trois poids lourds Ahmed Ouyahia, Abdelaziz Belkhadem et Yazid Zerhouni. Entre ministres et secrétaires d'Etat, 15 nouvelles têtes intégreront le gouvernement Sellal (Voir la liste). Cette nouvelle équipe verra la participation de 3 chefs de partis politiques de l'opposition. Il s'agit du président du PLJ, Mohammed Saïd Belaïd, ministre de la Communication, du président du MPA, Amara Benyounès, nommé ministre de l'Aménagement du territoire, du président de l'ANR, Belkacem Sahli, nommé au poste de secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Communauté nationale à l'étranger. Comme première critique qu'on peut porter à cet attelage gouvernemental est le fait qu'on est très loin du compte s'agissent de représentativité féminine. Sur une équipe de 34 membres, on ne retrouve que 3 femmes. Le Président Bouteflika a été fidèle à lui-même. En termes de reniement, M.Bouteflika s'est toujours contenté d'opérer de légers liftings gardant à chaque fois l'ossature principale de son Exécutif. Seulement, cette fois-ci, la bourrasque a emporté des hommes donnés pour êtres proches du Président comme Temmar, Djiar, Zerhouni, Barkat et autres... Ce chambardement inattendu a surpris les observateurs même les plus avertis de la scène politique qui s'interrogent sur l'opportunité d'un pareil changement. Surtout, que préfigure-t-il à moins de 600 jours de l'élection présidentielle? On trouve maintenant l'explication du retard cumulé pour la formation de cette équipe dont l'annonce traîne depuis quatre mois. C'est que les équilibres au sein de la sphère décisionnelle n'étaient pas stables. Il n' y avait pas de consensus au sein du pouvoir, il a fallu donc attendre que s'opère une décantation pendant quatre longs mois pour en arriver à ce réaménagement qui semble avoir été fait au forceps. A ce niveau aussi, on s'interroge pourquoi une équipe dont la durée de vie ne dépassera pas les 600 jours est-elle si importante pour l'équilibre au sein du pouvoir? L'enjeu de la présidentielle de 2014, y est pour beaucoup dans cette démarche. En filigrane, ce sont tous les tiraillements, au sein du pouvoir, sur le choix du candidat pour la présidentielle qui se déroulent à travers la composante du nouvel Exécutif. Une équipe gouvernementale à coloration politique définie peut influencer le cours de la présidentielle. Les caisses de l'Etat étant pleines, la demande sociale étant très forte, il est de ce fait très facile d'orienter l'électorat sur une candidature donnée pour peu qu'on à la mainmise sur certains portefeuilles ministériels. La guéguerre pour la présidentielle a déjà commencé il y a plus d'une année entre le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem et le désormais ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Pour ne favoriser ni un parti, ni une personnalité par rapport à une autre, il fallait opter globalement pour une équipe non partisane. C'est sous angle qu'expliquent d'ailleurs, les observateurs le choix porté sur Abdelmalek Sellal. Un Premier ministre «normal». Entre-temps, la rumeur, les spéculations, les scoops et les contre-scoops rythmaient une vie politique en totale congélation. De mémoire de la vie politique nationale, jamais l'Algérie n'a connu autant de spéculations et de rumeurs sur la formation d'une équipe gouvernementale. C'est tout le déficit de communication étatique qui est mis à nu dans cet épisode qui restera dans les annales de la politique algérienne. Hier, au moment où les sites on-line et les réseau sociaux s'affolaient, les chaînes privées notamment Ennahar TV et Echourouk TV, faisaient et défaisaient le gouvernement à coups de dépêches diffusées en boucle, la télévision publique diffuse des dessins animés. Quant à l'Agence de presse officielle, APS, elle annonçait, entre autres, qu' «une délégation d'hommes d'affaires thaïlandais s'est rendue à Jijel pour une visite d'information et de prospection des opportunités d'investissement (...)». Pas la moindre alerte pour annoncer la prochaine diffusion de la liste officielle du gouvernement.