Le marché de Bachdjarah abritait plus de 1200 commerçants Les commerçants des marchés clandestins ont bénéficié d'étals dans de nouveaux marchés de proximité. Ouf! Les marchés informels commencent à être éradiqués. Mais la question qui se pose désormais est comment faire pour que cette éradication soit définitive. Et surtout quels sont les moyens de substitution pour ces commerçants informels et leurs clients? Pour en savoir plus, nous nous sommes rendus dans la commune qui abritait le plus grand nombre de commerçants informels de la capitale à savoir Bachdjarah. En effet, le marché à ciel ouvert de Bachdjarah, qui a déjà été éradiqué avant de réapparaître, est l'un des plus connus en Algérie. «Il abritait plus de 1200 commerçants venus des quatre coins du pays», révèle Abdelkrim Chouchaoui, un élu local. «Il y a même des ressortissants étrangers qui y activaient», ajoute-t-il. Que vont devenir ces marchands ambulants après la disparition du marché informel de Bachdjarah. «Pas de panique, on a tout prévu. Un nouveau marché sera ouvert à Bachdjarah et les deux déjà existants seront rénovés», assure M.Chouchaoui qui précise que ces marchés sont faciles d'accès. «Le marché Mouloud Brounis ainsi que celui appelé Delala sont en train d'être rénovés. Une grande partie est déjà prête», rétorque M.Chouchaoui en expliquant que les vendeurs informels sont partagés en trois catégories. «Il y a les commerçants des marchés Delala et Mouloud Brounis qui se sont mis à l'informel à cause de la concurrence déloyale de celui-ci», relate-t-il. «Et il y a la troisième catégorie, qui est la plus nombreuse, à savoir celle des jeunes chômeurs», poursuit-il. Cette catégorie qui est la plus sensible sera «recasée» dans le nouveau marché des Palmiers. «500 étals y ont été installés», souligne le même élu local. Ce marché qui se trouve devant un commissariat de police a été doté de tous les moyens logistiques que ce soit les étals, la sécurité ou l'éclairage, avons-nous constaté sur place. Le nouveau marché de proximité de Bachdjarah n'a pas encore ouvert ses portes, «mais c'est une question de temps nous sommes en train de finaliser l'opération d'attribution des étals», atteste-t-il. «Nous avons commencé par recenser les commerçants informels. Cette opération s'est répétée à plusieurs reprises et a été faite grâce au travail de proximité», rapporte-t-il. «Ensuite nous avons établi une liste après avoir vérifié que les concernés étaient vraiment des chômeurs», certifie-t-il. Comment éviter la sous-location des étals Après l'opération de recensement, les responsables de la commune sont en train de prendre en charge les demandes des jeunes chômeurs qu'ils comparent à la liste qu'ils ont déjà établie. Toutefois, même si les bénéficiaires sont listés, il reste le problème de la sous-location de ces étals! Pour éviter de tomber dans ce piège, les autorités locales ont trouvé la parade. «Les étals ne seront pas nominatifs. Ils seront loués, à une somme symbolique, aux commerçants et cela pour une période bien définie», affirme-t-il. «Après cette période que l'on peut nommer de période d'essai, si le commerçant n'est pas sérieux ou s'il sous-loue son étal, on le lui retirera au bénéfice d'un autre», promet-il en soulignant que des contrôles seront faits régulièrement ainsi que des enquêtes de proximité. «Après quelques années de bons services, les commerçants sérieux auront des étals à leur nom», promet-il. «Il ne reste maintenant à ces jeunes qu'a commercer et essayer d'attirer la clientèle en proposant des produits de qualité à bons prix», conclut M.Chouchaoui. Certains de ces jeunes commerçants étaient dans la cour de la mairie à faire la queue pour déposer leurs dossiers de demande. Nous avons alors décidé de nous rapprocher d'eux pour avoir leur avis sur le marché qui leur a été attribué. La satisfaction était de mise. Même s'ils avouent préférer les boulevards Marseille et Barbes (Nom qui donnent aux rues qui abritaient le marché informel). «Mais les autorités nous ont bien fait comprendre que le marché informel de Bachdjarah ne réapparaîtra plus. C'est le marché des palmiers ou rien. Alors on se plie à leurs exigences», confie Mohamed un jeune chômeur qui activait dans le marché informel.Comme Mohamed, les autres jeunes interrogés ont affirmé qu'ils allaient s'installer au marché des Palmiers... «En attendant que la situation ne redevienne normale et que les autorités ne lâchent pas du lest...», avouent un autre jeune. «On souffrait le martyre» Les riverains ont quant à eux exprimé leur joie et leur satisfaction de la disparition de ce marché qui leur pourrissait la vie. «Enfin, on peut vivre normalement», affirme avec un soupir de soulagement Aami Ahmed, habitant du quartier. «On souffrait le martyre. Beaucoup de nos anciens voisins ont vendu leurs appartements pour des bouchées de pain, afin de pouvoir échapper à cet enfer. Mais voilà maintenant grâce à Dieu on peut vivre dans la quiétude», rapporte-t-il avec sourire. «Alors le marché, ils le mettant ou ils veulent cela ne nous dérange pas l'essentiel c'est que le marché informel ne reparaisse pas», conclut Aami Ahmed qui semble avoir trouvé une nouvelle jeunesse. Voilà donc l'histoire d'un marché informel qui a tant fait parler de lui. Retrouvera-t-il le chemin de la légalité? Seul le temps nous le dira, en tout cas les mesures sont là...