Des manifestations anti-américaines violentes liées à la diffusion d'un film injurieux à l'égard du prophète Mahomet ont gagné lundi l'Indonésie et l'Afghanistan et fait deux morts au Pakistan, alors que le chef du Hezbollah libanais appelait à une semaine de protestations. Une personne a été tuée et deux autres blessées lors d'un échange de tirs entre la police et des manifestants à Warai, ville du nord-ouest du Pakistan, située près de la frontière afghane, a indiqué Mohammad Irshad, un haut responsable local. Des manifestants ont incendié un commissariat, un club de journalistes, la maison d'un magistrat et trois voitures. La police a utilisé des gaz lacrymogènes et tiré des coups de semonce pour tenter de disperser la foule, mais un manifestant a ouvert le feu sur les forces de l'ordre qui ont répliqué, selon ce responsable. Les autorités hospitalières ont aussi confirmé le décès lundi d'un manifestant blessé par balle la veille lors de manifestations près du consulat américain à Karachi (sud), la capitale économique pakistanaise. La police a renforcé la sécurité à proximité du consulat américain de cette ville de près de 18 millions d'habitants, théâtre de nouveaux heurts lundi entre policiers et manifestants gonflés à bloc par la diffusion d'un film à petit budget, réalisé aux Etats-Unis, «Innocence of Muslims » (L'innocence des musulmans). Des marches anti-américaines ont aussi eu lieu à Peshawar (nord-ouest) et Quetta (ouest), selon des journalistes de sur place. L'Afghanistan, en proie à l'insurrection talibane, et l'Indonésie, pays musulman le plus peuplé de la planète, ont connu lundi leurs premières violences depuis le début de «l'affaire du film anti-islam ». A Kaboul, des hommes armés se trouvant parmi les manifestants ont ouvert le feu pendant une manifestation. La police a décidé de ne pas riposter pour ne pas exciter davantage les protestataires, a assuré le chef de la police Mohammad Ayoub Salangi, sur qui on a tiré «trois fois ». « Je suis chanceux », a-t-il observé, remarquant qu'il n'avait été touché que par un jet de pierre. Tout comme lui, entre 40 et 50 policiers ont été légèrement blessés, a déclaré M. Salangi. La mobilisation a mis du temps à se radicaliser en Afghanistan, où les insultes proférées contre l'islam sont généralement prises très au sérieux. Les multiples appels au calme des autorités politiques et religieuses ont vraisemblablement permis de stabiliser une situation potentiellement explosive. Des émeutes après que des exemplaires du Coran eurent été brûlés sur une base américaine avaient fait 40 morts et 200 blessés en février.A Jakarta, en Indonésie, les manifestants, dont de nombreux sympathisants de groupes extrémistes, ont lancé des cocktails molotov et hurlé des slogans anti-américains, alors que la police répondait avec des canons à eau et des tirs de sommation pour disperser quelque 700 personnes. Sanaa, la capitale du Yémen, a connu de nouvelles marches, cette fois-ci pacifiques. «Dégage, esclave du diable », ont crié des centaines d'étudiants à l'intention de l'ambassadeur américain. « Couards Américains, le prophète ne peut pas être insulté », ont scandé d'autres.