«Désormais, Benbouzid doit y réfléchir à deux fois avant de prendre une décision.» Le Cnapest a fait le point, hier, sur les deux mois de grève qui ont fait trembler le pays. Me Ali Yahia Abdenour était le premier à prendre la parole. En guise d'introduction, il dira: «J'interviens en tant qu'ancien enseignant, ancien syndicaliste et militant des droits de l'Homme.» Ensuite, il rentre dans le vif du sujet: «Dans une guerre, il faut des stratégies. Votre mouvement a permis aux Algériens de ne plus avoir peur. Vous avez donné l'exemple en donnant la décision finale à l'assemblée générale.» Puis le ton du maître monte d'un cran: «Vous avez affaire à un pouvoir qui aurait pu rééditer un deuxième 5 octobre.» Enfin, le président de la Laddh rassure les enseignants: «Vous avez la société civile et les démocrates avec vous. Vous avez semé la bonne graine et vous réussirez.» M.Mebarki, président de la Fédération des associations des parents d'élèves, prend le relais: «Le contenu et le calendrier du rattrapage doivent être gérés par l'enseignant. Nous demandons à la tutelle d'ouvrir le dialogue avec les PES.» Un membre du Cnes enchaîne dans le même sens: «On ne décide pas de la pédagogie en dehors des enseignants. L'administration peut fixer les dates des vacances et des examens mais elle ne peut imposer un rythme pédagogique aux enseignants.» Une enseignante du lycée Oum El-Massakine indique: «Par ce mouvement, on a renoué les relations avec l'ensemble des PES du pays. Il faut préserver le mouvement et lutter pour satisfaire nos revendications. On a démontré à nos élèves que la dignité et le courage ne sont pas seulement des paroles.» Une enseignante à Didouche-Mourad annonce: «Le mouvement a rendu son statut à l'enseignant. On a vaincu la peur. Nous serons un exemple pour l'ensemble des travailleurs qui luttent contre le mépris et l'injustice.» M.Rezig, professeur d'histoire au lycée Ibn Khaldoun de Bab El-Oued, propose: «Il faut poursuivre les AG dans chaque établissement pour permettre une meilleure réorganisation et se préparer car nos revendications demeurent insatisfaites. On ne signe aucun papier notifiant la reprise du travail.» M.Lemdani, enseignant à Amara-Rachid, souligne: «Désormais, Benbouzid doit y réfléchir à deux fois avant de prendre une décision concernant les Pest.» Ensuite, l'orateur tire à boulets rouges sur l'Unique: «C'est inadmissible que la télévision nous insulte. Elle existe grâce à notre argent. C'est une honte.» Concernant la relation du Cnapest avec le CLA, le délégué d'Alger précise: «Nous n'avons aucun problème avec eux. Ce sont nos amis et compagnons. Nous sommes pour le pluralisme syndical.» «On a pu mobiliser les Pest au niveau national. Nous avons mis les jalons de la démocratie et de la liberté syndicale. La femme est un élément fondateur de notre mouvement.» «Nous pouvons revenir à tout moment et avec férocité», avertit-il.