Les Américains se sont réservés un véritable pactole de remise en état de l'Irak. Un des faits ayant dominé l'actualité irakienne cette semaine, est le mémorandum rendu public mardi à Washington pour ce qui est de la reconstruction de l'Irak. Ce mémorandum exclut des appels d'offres lancés par l'administration Bush, les sociétés françaises, allemandes, russes et canadiennes notamment. Justifiant cette décision, le secrétaire adjoint américain à la Défense, Paul Wolfowitz, indique dans une circulaire datée du 5 décembre que, selon lui, «il est nécessaire pour la sécurité et les intérêts essentiels des Etats-Unis de limiter la concurrence pour ces contrats de base (à la reconstruction) à des sociétés des Etats-Unis, d'Irak, des partenaires de la coalition et des nations ayant envoyé des troupes». Sans réagir officiellement, la France a néanmoins laissé entendre que Paris «étudie» la légalité des mesures décidées par Washington excluant des firmes françaises de la reconstruction de l'Irak, selon un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Hervé Ladsous, qui indique «nous étudions la compatibilité de ces décisions avec le droit international de la concurrence, en liaison avec nos partenaires concernés, notamment l'Union européenne et la Commission». Les Britanniques non plus ne sont pas rassurés, et craignent, -eux qui ont déjà été exclus de l'attribution de contrats de la première phase, -contrats réservés exclusivement aux sociétés américaines-, d'être à nouveau oubliés par les Etats-Unis, comme l'indique le chef de la mission britannique à Bagdad, Christopher Segar, selon lequel, «la reconstruction de l'Irak est un effort multinational» soulignant «il y a beaucoup d'inquiétudes sur le fait que d'importantes sommes de l'argent voté par le gouvernement américain pour la reconstruction de l'Irak restent inaccessibles aux entreprises britanniques et à celles des sociétés d'autres pays». De fait, les Etats-Unis qui se sont réservés la part du lion dans la reconstruction de l'Irak risquent dans les semaines et mois à venir d'enclencher une nouvelle crise et un nouveau bras de fer avec les contestataires des méthodes américaines en Irak.