L'Algérie poursuit ses efforts pour une approche pacifique La crise sécuritaire et l'instabilité politique et sociale au Mali continuent de susciter la préoccupation de l'opinion internationale. Au moment où le Conseil de sécurité de l'ONU attend de voir dans moins de 45 jours le plan d'action que proposera la Cédéao en vue d'une intervention militaire, l'Algérie poursuit ses efforts pour une approche pacifique menant à une sortie de la crise basée sur le dialogue, mais n'exclut, cependant, pas le recours à la force comme ultime solution contre les réseaux terroristes qui contrôlent le nord du Mali. Dans ce contexte, tout en soulignant que l'Algérie a développé une approche globale pour une sortie de crise au Mali, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a précisé vendredi dernier depuis Bamako que «l'Algérie a développé et prôné, dès le début des événements survenus au Mali, une approche globale pour une sortie de crise, bâtie autour d'objectifs stratégiques». Dans son intervention, le ministre des AE ne manquera pas d'insister, «il s'agit de la préservation de l'unité nationale et de l'intégrité territoriale du Mali, du parachèvement de la mise en place d'autorités de transition fortes et représentatives, ainsi que la recherche d'une solution politique négociée impliquant les acteurs qui se démarquent, sans équivoque, du terrorisme et du crime transnational organisé et qui renoncent à toute atteinte à l'intégrité territoriale du Mali». Il s'agit, a-t-il indiqué dans une allocution devant les participants à la réunion du groupe de soutien et de suivi sur la situation au Mali, «du déploiement de l'administration malienne sur tout son territoire, de la lutte continue et permanente contre le terrorisme et le crime organisé, tout comme la prise en charge, par la communauté internationale, du volet humanitaire». Le ministre expliquera que l'approche de l'Algérie entre dans un cadre qui véhicule une logique complémentaire et vise à opérer, «une décantation pour isoler les groupes terroristes et ceux affiliés au crime transnational organisé, des groupes de la rébellion malienne, qui doivent, d'une part, admettre et reconnaître que l'intégrité du Mali n'est pas négociable, et, d'autre part, se démarquer clairement et sans équivoque, des groupes terroristes et ceux affiliés au crime transnational organisé». Pour Medelci ces deux conditions n'excluent, nullement les représentants des populations du Nord et de donner suite à leurs revendications légitimes ayant trait à leur émancipation et à leurs exigences de vie, ainsi qu'à leur participation aux processus de prise de décision nationale, permettant ainsi de les impliquer dans la recherche d'une sortie de crise. Cela doit se faire également avec l'aide de la communauté internationale, appelée à assister les Maliens pour conserver leur leadership. Le chef de la diplomatie insistera particulièrement pour dire que cette approche doit être engagée pour combattre le terrorisme et le crime organisé. C'est la responsabilité dira-t-il «de l'Etat malien, des pays voisins qui ont mis en place des mécanismes dans le cadre des pays du champ, et de la communauté internationale». C'est dire que l'Algérie exprime une condition quant à une intervention militaire au Mali. Celle-ci doit être orientée uniquement contre les groupes terroristes et le crime organisé. Dans ce contexte, le ministre était clair en soutenant que «le recours à la force doit être conduit avec une définition rigoureuse des objectifs, des moyens requis, des règles d'engagement, des coûts et de la mobilisation des potentiels requis pour qu'il soit entouré des chances de succès, que tout recours à la force doit cibler les véritables menaces que sont le terrorisme et le crime transnational organisé». Mourad Medelci avait la veille déjà, à l'issue de ses entretiens avec son homologue malien, M. Tieman Hubert Coulibaly, déclaré que si l'intervention militaire au Mali doit se confirmer, celle-ci «a pour objectif la lutte contre le terrorisme, l'Algérie s'est déjà exprimée sur ce sujet, elle a exprimé, et je le confirme aujourd'hui, non pas seulement son intention, mais sa volonté de persévérer dans la lutte, par tous les moyens, contre le terrorisme». L'approche algérienne a largement été appuyée lors de la tenue de cette réunion, sachant qu'au cours de cette même journée, Mourad Medelci s'est entretenu avec Ian Eliasson, vice-secrétaire général de l'ONU. Intervenant sur ce même sujet, Romano Prodi, envoyé spécial de l'ONU pour le Sahel, a insisté quant à lui pour mettre fin à cette situation qui n'a que trop duré et est devenue inacceptable, menant à une grave crise humanitaire. Enfin, pour l'ensemble des participants, il est évident que les solutions «doivent prendre en compte la dimension politique de la crise avec le renforcement des autorités de transition à Bamako». Dans sa logique, l'Algérie ne soutient l'intervention militaire au Mali que dans un seul souci, celui de combattre le terrorisme et le crime organisé, deux phénomènes transnationaux!