«L'Algérie, a su tirer de ses souffrances la foi en la nécessité de la réconciliation et du dialogue entre les hommes.» Dans une allocution prononcée hier, à l'ouverture des travaux de la session ordinaire de l'Union des universités méditerranéennes (Unimed), le président de la République a sollicité les pays occidentaux pour «aider les pays musulmans à opérer des changements» vers la démocratie et l'Etat de droit «en établissant des relations de partenariat au service des intérêts mutuels». Une déclaration qui laisse entendre, en filigrane, que l'Algérie étant un pays musulman n'a pas encore acquis le statut de pays de démocratie et de droits de l'homme même s'il affirme sacraliser ces valeurs universelles. La déclaration du président de la République intervient dans un contexte international particulier. En effet, des assertions médiatiques veulent impliquer les services de sécurité dans les actes terroristes, et des personnalités algériennes se trouvent interpellées dans des procès. Des procès qui rappellent le scénario du général à la retraite Khaled Nezzar, attaqué en justice pour torture durant les événements d'octobre 1988. Un réfugié politique algérien a déposé, vendredi à Paris, une plainte pour torture contre le général Larbi Belkheir, directeur de cabinet du président de la République Cette plainte pour «torture et traitements inhumains et dégradants» a donné lieu, lundi dernier, à l'ouverture d'une enquête préliminaire au parquet de Paris qui a saisi la brigade criminelle. Curieusement, la même personne qui a engagé le procès contre M.Belkheir, en l'occurrence M.Mosbah a déjà témoigné, en juillet 2002, lors du procès en diffamation intenté par le général algérien Khaled Nezzar à l'ancien officier Habib Souaïdia, auteur d'un livre accusant l'armée algérienne d'avoir commis des massacres. Avant son allocution, M.Bouteflika a été gratifié de porte-flambeau de la réconciliation et du dialogue entre les hommes. «L'Algérie, sous la conduite du président Bouteflika, a su tirer de ses souffrances la foi en la nécessité de la réconciliation et du dialogue entre les hommes», a déclaré le directeur général de l'Union des universités de la Méditerranée (Unimed),Franco Rizzi, intervenant lors de la même cérémonie qui s'est tenue au Palais des nations, ajoutant que le président Bouteflika a entrepris «une oeuvre de longue haleine pour promouvoir le dialogue entre les cultures et les religions, entre l'Orient et l'Occident». M.Bouteflika a mis en relief le rôle que doivent jouer les universités «dans la cohabitation des cultures» choisissant de ce fait d'internationaliser la concorde nationale à travers ces institutions scientifiques. Créée en 1991 à l'initiative de l'université italienne La Sapienza de Rome, l'Unimed est constituée d'un réseau de 61 universités issues de 19 pays des deux rives du pourtour de la Méditerranée. L'Unimed a choisi Alger pour procéder au renouvellement de ses organes dirigeants et accueillir de nouveaux membres. Les universitaires des deux rives de la Méditerranée traiteront de plusieurs thèmes qui porteront notamment sur «Les universités et le dialogue entre l'Orient et l'Occident», «Les risques majeurs et technologiques», «La gestion des ressources hydriques» et «Le libre-échange et les zones franches».