Dans son allocution, le Chef de l'Etat a sollicité l'assistance des Occidentaux pour mener à bon port la démocratisation et les réformes économiques. Face à un panel d'universitaires, hier, au Palais des nations, à l'occasion de l'assemblée générale des universités de la Méditerranée (Unimed), le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, s'il n'a pas sacrifié au désormais rituel du discours de campagne, n'en a pas moins émis quelques messages, subtils certes, mais suffisamment éloquents pour ne pas y percevoir quelques intérêts électoraux. Pour ceux qui doutent encore de la volonté de l'Algérie de s'engager sur le chemin de la démocratie et de l'économie de marché, Abdelaziz Bouteflika réitère que “le pays est passé du parti unique à la démocratie, avec la consécration des libertés dont celle de la presse”, mais que la démocratie, explique-t-il, est d'abord “une culture, elle n'est pas codifiable”. Abdelaziz Bouteflika, qui faisait une allocution d'ouverture des travaux de l'AG de l'Unimed devant un parterre de recteurs d'université, d'ambassadeurs, de membres du gouvernement, dont Ahmed Ouyahia, de Larbi Belkheir, qui se porte visiblement comme un charme, du président du Sénat, Abdelkader Bensalah, de Abdelaziz Belkhadem, a aussi justifié à demi-mots le retard en matière de réformes économiques par les pesanteurs de l'esprit de l'économie dirigée. “On a besoin de l'ouverture des esprits”, a-t-il dit. C'est pourquoi, il demande aux universitaires occidentaux — on imagine aisément que le message s'adresse beaucoup plus aux gouvernants — de l'“aide” pour mener à bon port aussi bien la démocratisation que les réformes économiques. “On a besoin de vous pour nous aider.” Une aide sollicitée également pour relever le défi de la démocratisation de l'enseignement. “L'Algérie a 84% d'étudiants qui perçoivent des bourses, explique-t-il, autant disposent de chambres universitaires. C'est pourquoi, on tend la main pour nous aider à relever le défi de la démocratisation. On attend une aide de vous, notamment en matière d'encadrement.” Dans le même contexte, il rappelle que “l'Algérie a un problème de fuite des cerveaux”. Cependant, Bouteflika ne semble pas satisfait du rythme de la coopération de l'Algérie avec l'Europe et il a tenu à le faire savoir. “Le processus de Barcelone est un échec”, a-t-il tranché. “Le processus de Barcelone est un échec” Un processus, faut-il le rappeler, qui prévoyait un partenariat sur les plans politique et sécuritaire, la construction d'une zone de prospérité partagée, outre un partenariat dans les domaines social, culturel et humain. Par ailleurs, évoquant la question du terrorisme, le président de la République a indiqué que “l'exclusion sociale produit la violence”, non sans regretter l'exploitation de la question du terrorisme par l'Occident, “pour s'attaquer aux valeurs essentielles de l'islam et à son apport à la civilisation à travers l'histoire”. Dans le même ordre d'idées, il a appelé les sociétés musulmanes à “faire un examen de conscience, à changer ce qui doit l'être et à ne pas avoir de crainte de la démocratie, la justice sociale, la modernité, l'Etat de droit et la loi”. Pour Bouteflika, la famille universitaire peut être “un cadre de dialogue” pour aspirer à un monde de paix où “la concorde supplante la violence”. Peu de temps auparavant, Franco Rezzi, le DG de l'Union, a estimé que “l'Algérie, sous la conduite de Bouteflika, a su tirer de ses souffrances la foi en la nécessité de la réconciliation et du dialogue entre les hommes”, avant de lui remettre une médaille de mérite. Créée en 1991, l'Unimed est constituée de 61 universités de 16 pays. Trois universités algériennes y sont représentées : Constantine, Blida et Alger. Elle tient son AG pour procéder au renouvellement de ses instances. Plusieurs thèmes feront l'objet de débats dont, notamment, “les universités et le dialogue entre l'Orient et l'Occident”, “la gestion des ressources hydriques” et “le libre-échange et les zones franches”. K. K.