Bien impressionné par la répartie du luthiste Burtl Mütter reconnaît dans le malouf une musique hautement sensible. Les pas se suivent mais très lentement sur le chemin de l'ouverture culturelle en général et musicale en particulier, dans les enceintes de la ville des rochers qui s'échine à briser les chaînes du conservatisme et renouer avec l'universel. Après le baptême réussi pour les musiciens du Majazz, c'était, lundi, au tour de la boîte Colombine Films de nous gratifier d'un nouvel épisode dans l'expérience de la fusion entre le jazz et le malouf. Dans le cadre de la semaine culturelle autrichienne en Algérie, l'escale constantinoise a été marquée par la rencontre du tromboniste viennois Burtl Mütter et le luthiste Khaled Hannachi. Une rencontre impromptue du tromboniste, rencontre privée malheureusement de son vrai public, mais qui a permis à l'un et l'autre d'inscrire sur la portée, la preuve que les noces sont possibles entre toutes les musiques. Entre deux voyages méditatifs, improvisés sur les modes Saïka et R'hani, Mütter s'emballe dans un tête-à-tête avec son trombone, instrument à vent méconnu chez nous, et livre dans une démonstration physique (charrette), un éventail de sonorités extraordinairement large, allant du phrasé emprunté au free jazz à un registre prosaïque fait de curiosités sonores mais interprétées avec une ingéniosité novatrice. Bien impressionné par la répartie du jeune Khaled Hannachi, Burtl Mütter reconnaît dans le malouf une musique intime et hautement sensible. Lui qui a étudié Gustave Mahler et la musique classique européenne se retrouve mieux cependant dans le jazz tout en gardant ouverts ses horizons. Il est vrai que Vienne n'est pas encore aussi cosmopolite que Paris ou Bruxelles, mais des musiciens comme lui sont déjà à l'avant-garde d'une scène en gestation qui n'hésite pas à multiplier les expériences pour s'abreuver ailleurs, notamment dans les cavernes d'Ali Baba du sud de la Planète. Pour Khaled Hannachi et pour nous tous, il est positif de communiquer notre sensibilité comme il est impératif de puiser dans le savoir-faire musical des autres. Des rencontres pareilles, il en faut à la pelle.