C'est dans la foulée de la visite de Christopher Ross au Sahara occidental que Mohammed VI tente de brouiller à nouveau les cartes. Dans le discours qu'il vient de prononcer à l'occasion du 37e anniversaire de la «Marche verte», le roi Mohamed VI a appelé à la réouverture des frontières terrestres entre le royaume chérifien et l'Algérie en impliquant cette fois-ci dans son appel l'institution onusienne. Le souverain alaouite a, en substance, indiqué dans son discours qu'il veut «rappeler la position claire, exprimée récemment par M.le Secrétaire général des Nations unies quant à la nécessité à encourager le développement des relations maroco-algériennes, dont le Maroc ne cesse d'appeler à la normalisation, y compris l'ouverture des frontières, conformément aux voeux d'un certain nombre de pays et d'organisations internationales». Dans son allocution à travers laquelle il a voulu marquer la commémoration de la fameuse procession de 350 000 Marocains vers le Sahara occidental, organisée en 1975 par Hassan II, son successeur a, donc, réitéré l'attachement de son pays au projet de large autonomie pour le Sahara occidental, jugeant que cette «initiative audacieuse» n'avait pas abouti jusque-là en raison de l'absence de «volonté sincère» de la part des «autres parties». A partir de sa tribune, le souverain n'a pas manqué d'appeler la communauté internationale à se pencher sur la situation des réfugiés sahraouis installés dans les camps de Tindouf. Il n'a éprouvé aucune gêne à asséner des contre-vérités en parlant d'une région où séviraient «la répression, la coercition, le désespoir et les privations, en violation flagrante des droits humains les plus élémentaires». Il feint, ainsi, d'oublier les répressions qu'il fait subir aux Sahraouis. Le souverain a reformulé alors la demande de son pays d'un recensement par le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) des réfugiés sahraouis établis à Tindouf. En fait, Rabat réclame ce recensement pour appuyer sa thèse selon laquelle leur nombre n'est pas aussi important que l'avance le Front Polisario. Fidèle à sa rhétorique trompeuse, le roi du Maroc considère, en outre, les réfugiés sahraouis comme étant des ressortissants marocains et réclame également ce recensement dans le but de permettre à ces populations d'exprimer leur souhait d'y rester, de regagner le Maroc ou encore de s'installer dans un autre endroit à l'étranger. Cette fuite en avant intervient en parallèle avec l'offensive onusienne, notamment à travers le périple de Christopher Ross, l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, pour le Sahara occidental qui a réussi à créer la brèche dans la cuirasse marocaine. En effet, Christopher Ross, de par l'audace de son entreprise, vu qu'il est parvenu à se rendre au Sahara occidental où il n'était jamais allé depuis sa nomination en 2009, a certainement réussi à ébranler l'assurance du monarque sur la question du Sahara occidental. Ross s'est notamment rendu à El Ayoun occupée (Sahara occidental) avant de se diriger à Tifariti, dans les territoires libérés et dans les camps de réfugiés sahraouis. Autant de zones où le Maroc a été épinglé par des organisations non gouvernementales pour son non-respect des droits de l'homme. Désormais, le Makhzen est d'autant plus acculé que Christopher Ross doit remettre un rapport au Conseil de sécurité de l'ONU à la fin du mois. Le malaise du Maroc est d'autant plus grand qu'il a contre lui de nombreuses tentatives d'entraves à la mission onusienne pour l'organisation du référendum au Sahara occidental. Ayant donc essuyé le désaveu de Ban Ki-moon, le régime marocain s'entête à vouloir faire valoir une position autrement confuse, car ne tenant pas compte de la légalité internationale. En position délicate, le Maroc tente de faire diversion en brandissant par exemple le thème de l'ouverture des frontières en guise de paravent. Certes, en dépit des multiples tentatives de rapprochement et du réchauffement des relations bilatérales, le Maroc et l'Algérie butent encore sur la question de l'ouverture de leurs frontières terrestres. Finalement, invoquer l'ouverture des frontières entre le Maroc et l'Algérie est pure fantaisie. Ceci est d'autant plus vrai que des trafics en tous genres à la lisière des deux pays ne pourraient arranger la sécurité économique de l'Algérie qui préfère encore mûrir ce sujet aux retombées sociales et économiques considérables.