Tsahal vient de se livrer une nouvelle fois à de violentes représailles dans la bande de Ghaza. Après l'accrochage dans la nuit de lundi à mardi, qui coûta la vie à deux officiers israéliens et deux maquisards palestiniens, l'armée israélienne a investi hier la ville de Raffah, dans le sud de la bande de Ghaza, où elle s'est livrée à de meurtrières représailles contre la population. C'est la seconde fois, en moins de trois mois, que l'armée d'occupation israélienne fait des incursions dans cette ville, à cheval entre les frontières des territoires occupés et l'Egypte. Cette agression, qui a coûté la vie à sept Palestiniens et faisant 19 blessés, dont quatre jugés dans un état grave, visait selon un porte-parole de l'armée israélienne à «détruire des tunnels reliant la bande de Ghaza à l'Egypte», utilisés selon lui, «pour la contrebande d'armes». Cependant, ce n'est pas la première fois que l'armée d'occupation avance ce prétexte pour se livrer à une démonstration de force, suivie de massacres en règle des populations de la localité palestinienne. Dans la vaste incursion d'hier contre Raffah, Israël a mis hier à contribution une quarantaine de véhicules blindés, appuyés par deux hélicoptères, rapporte les services de sécurité palestiniens. Israël dans son obsession à contrôler les Palestiniens, use aujourd'hui de tous les expédients, même ceux qui mettent à mal le processus de recherche de la paix, pour assurer la sécurité d'une poignée de colons incrustés parmi la population palestinienne. Ce que les politiques et les militaires ne veulent pas comprendre - que la répression et l'humiliation des Palestiniens ne mènent pas à la paix - beaucoup d'Israéliens, y compris parmi les militaires, commencent à le pressentir et à percevoir les limites de la politique du tout sécuritaire. Hier, la soeur d'un officier israélien, mort dans l'opération à Ghaza, dénonçait à la radio militaire «la présence de l'armée dans la bande de Ghaza» indiquant: «Mon frère est mort pour rien, comme tous les soldats qui défendent dans la bande de Ghaza, des colonies telles que Netzarim ne comprenant pas que 23 familles (...) Si les colons veulent rester, il n'ont qu'à se défendre eux-mêmes.» De fait, des militaires de plus en plus nombreux, refusent à servir dans les territoires palestiniens occupés. Des officiers d'une unité d'élite de commandos israéliens ont ainsi signifié, dimanche, dans une lettre au chef du gouvernement israélien, Ariel Sharon, leur refus de participer «à l'oppression» des Palestiniens et à servir de «boucliers» aux colonies juives, indiquant «Nous ne participerons pas plus longtemps à l'oppression dans les territoires, ni à la privation des droits de l'Homme de millions de Palestiniens». L'année dernière, ce sont 52 officiers de l'armée de terre qui ont ouvert le front du refus affirmant : «Nous ne continuerons pas à nous battre au-delà de la ligne verte (ligne d'armistice de 1948 séparant les territoires palestiniens de l'Etat hébreu) dans le but d'opprimer, d'expulser, d'affamer et d'humilier un peuple tout entier». Justifiant son refus de servir dans les territoires palestiniens, un commandant de l'armée de l'air israélien explique: «Je suis personnellement responsable des missions dont l'armée me charge pour la politique d'occupation et il est immoral, par exemple, de larguer une bombe sur une maison, une bombe qui fait de nombreuses victimes civiles.» A mesure qu'ils prennent conscience de l'inanité de cette occupation, et devant les pertes des êtres chers, les Israéliens n'hésitent plus à dire leur ras-le-bol. Comme cette agression d'hier contre Raffah que rien ne justifiait, si ce n'est dans le but de creuser davantage le fossé entre les communautés arabe et juive du Proche-Orient. Le gouvernement Sharon, dont la politique répressive est de plus en plus contestée à l'intérieur même d'Israël, en porte l'entière responsabilité. L'agression dont ont été victimes les Palestiniens à Raffah, avait quelque peu renvoyé au second plan la mésaventure dont a été victime le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Maher, agressé lundi par des manifestants palestiniens sur l'esplanade des Mosquées à El-Qods Est. Ce qui mis en porte-à-faux le leader palestinien, Yasser Arafat, confus par la mésaventure de l'homme politique égyptien. M.Maher, très diplomate a minimisé l'affaire indiquant: «Il s'agit d'un simple incident qui n'est pas inquiétant.» Ce qui n'est pas l'avis du président Arafat et de la presse palestinienne, qui se confondaient hier en excuses. Semblant parler au nom des Palestiniens, l'éditorialiste du quotidien officiel de l'Autorité autonome, Al-Hayet Al-Jadida, Hafez Al Barghouthi, écrit : «Nous nous excusons auprès de l'Egypte arabe et de son ministre des Affaires étrangères pour ce qu'ont fait ces voyous et nous sommes sûrs que l'Egypte va faire preuve d'indulgence». Par ailleurs, le président Arafat envoie au Caire une délégation, conduite par Farouk Kaddoumi, pour présenter les excuses de l'Autorité palestinienne au peuple égyptien.