Comme prévu, l'Algérie est rendue responsable de l'échec du sommet de l'UMA. Si la presse tunisienne et libyenne s'est désolée du report du 7e sommet, il n'en est pas de même de la quasi-totalité des quotidiens marocains qui soulignent que l'édification du Maghreb passe d'abord par un sommet entre le Maroc et l'Algérie pour régler la question du Sahara. Pour Le Renouveau, «la Tunisie réaffirme sa volonté de relancer l'action commune maghrébine dans le domaine de l'intégration économique, le conseil des ministres des Affaires étrangères de l'UMA a été unanime à considérer incontournable la création d'une communauté économique maghrébine en vue de parachever l'intégration des pays membres de l'Union» a-t-il relevé. Par contre le journal marocain L'Economiste affirme «par son entêtement, au sujet de la principale pomme de discorde, la question du Sahara marocain, l'Algérie n'a pas pu finalement avoir son sommet». Poussant le bouchon plus loin, ce dernier ne se prive pas d'accuser l'Algérie d'être la base arrière d'un groupe de «séparatistes» (sic!) «Comment parler de coopération et de relations fraternelles et construire un groupement régional lorsque, en même temps, on continue d'héberger, de soutenir militairement et diplomatiquement un groupe de séparatistes au détriment des règles de bon voisinage?» s'est-il interrogé. Le même son de cloches est repris par Aujourd'hui le Maroc qui estime que l'UMA passe d'abord par un sommet «entre le Maroc et l'Algérie» pour mettre à plat le contentieux du Sahara dans le cadre d'une solution qui respecte les droits du Maroc sur ses provinces du Sud. Le même journal feint d'oublier à propos de cette «province» que le Conseil de sécurité de l'ONU lui a accordé le droit à l'autodétermination à ses populations en adoptant, le 31 juillet dernier à l'unanimité, le plan Baker fondé sur le droit du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination. En outre, le journal va encore plus loin en remettant en cause l'intégration d'une zone stratégique «sans un minimum de bonne foi politique». «C'est quoi cette UMA que l'Algérie voudrait faire naître sur un foyer d'instabilité qu'elle a créé de toutes pièces il y a plus de 25 ans et qu'elle continue, envers et contre tous, à entretenir sur le territoire de son voisin?» s'est-il demandé. Commentant le passage à la Libye du témoin de la présidence d'un «sommet en instance de réunion depuis 1994», ce qu'il qualifie de «jamais vu dans les annales des relations internationales», le journal ose qualifier le sommet de «farce politico-diplomatique qui en dit long sur l'état d'une région qui n'en finit pas d'étaler au grand jour ses contradictions et ses déboires». Des déboires créés par l'Algérie selon L'Opinion qui souligne que l'échec du sommet était prévisible du fait qu' «aucune condition objective n'avait été réunie pour créer un climat favorable» à la réussite de ce rendez-vous. Et ce sera ainsi tant du fait qu' «Alger savait pertinemment que sans la solution du conflit artificiel qu'elle a créé au sujet du Sahara marocain (...), l'unité du Maghreb restera un voeu pieu». Abondant dans le même sens, le quotidien Al-Ahdath Al-Maghribiya, affirme que ce report est «une réponse à l'Algérie qui confirme la justesse de la thèse marocaine qui exige, pour toute relance des structures de l'Union, l'existence d'une volonté sincère chez les parties et d'un dialogue fondé sur le réalisme et la franchise». Les mêmes accusations sont renouvelées par Rissalat Al Oumma qui indique, pour sa part, que le Maroc n'a ménagé aucun effort pour relancer l'UMA, mais «l'Algérie, par son entêtement à soulever des problèmes artificiels, a fait échouer le processus». Alors que le journal Le Matin du Sahara et du Maghreb tout en mettant en exergue la clarté de la position du Maroc vis-à-vis de l'édification de l'UMA souligne pour sa part «le Maroc se refusant à l'ambivalence du langage, conditionne sa participation active et constructive dans l'Union du Maghreb arabe à l'apurement du contentieux avec l'Algérie sur le Sahara». Tandis que pour le quotidien Assabah, il est désormais presque confirmé que l'UMA, dont les structures étaient gelées depuis des années, «ne sera pas plus, à l'avenir, qu'un cadre historique que les peuples, avant les dirigeants, évoqueront avec regret», considérant que ce report «ne fera qu'exacerber la crise que vit l'Union». Une Union que le Maroc veut à sa mesure en dépit des lois internationales.