Le calme régnait samedi matin aux abords du palais présidentiel au Caire, cerné la veille par une foule manifestant contre le chef de l'Etat, mais la grave crise politique qui divise le pays persistait malgré le possible report d'un référendum décrié par l'opposition. Une centaine de manifestants étaient toujours à proximité du palais, dans le quartier d'Héliopolis, surveillés sans tensions par les soldats qui bloquent l'accès au site à l'aide de barbelés et de blindés. La veille au soir, plus de 10.000 opposants au président islamiste Mohamed Morsi s'étaient massés devant la présidence. Nombre d'entre eux étaient parvenu à franchir les barbelés pour s'approcher sans incident des murs du complexe présidentiel, sans toutefois y pénétrer. Les manifestants ont lancé des slogans appelant M. Morsi à «dégager », et le traitant de « mouton » aux ordres des Frères musulmans, le puissant mouvement dont il est issu. De nombreux slogans rappelaient ceux de la révolte contre le régime de Hosni Moubarak début 2011. Les petits groupes d'opposants encore présents samedi matin exprimaient toujours leur détermination. « Je suis prêt à mourir, comme tous mes camarades. Je suis contre la violence, mais si on essaie de nous opprimer, il faut nous soulever », affirmait Moustafa el-Tabbal, 27 ans, qui a passé la nuit sur place. L'opposition réclame le retrait d'un décret par lequel M. Morsi s'est octroyé il y a deux semaines des prérogatives s'apparentant à des pleins pouvoirs, les plaçant au dessus de tout contrôle par la justice. Elle dénonce également un référendum programmé pour le 15 décembre sur un projet de Constitution, accusé d'ouvrir la voie à une islamisation accrue de la législation et de manquer de garanties pour les libertés, notamment d'expression et de religion.