La stabilité du Liban devrait être au centre d'entretiens en France, aujourd'hui et demain, du président syrien Bachar al-Assad, à l'approche de la remise de l'acte d'accusation du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri. Le président syrien aura aujourd'hui un déjeuner de travail au palais de l'Elysée avec Nicolas Sarkozy qui a relancé, en 2008, la relation franco-syrienne et fait le pari d'une influence modératrice de Damas dans la région, en particulier sur son allié du Hezbollah libanais. L'acte d'accusation du TSL est attendu très prochainement, avec la crainte qu'une mise en accusation du mouvement chiite n'entraîne des violences et une déstabilisation du Liban. Le Hezbollah a fait savoir depuis plusieurs mois qu'il s'attendait à être mis en accusation par ce tribunal mis en place par l'ONU en 2007 pour enquêter sur l'attentat contre Rafic Hariri en 2005 à Beyrouth. La possibilité de sa mise en cause est également largement anticipée par les médias régionaux et internationaux. Le mouvement chiite qui accuse le TSL de faire partie d'un «complot israélo-américain» visant à le détruire, mène depuis des mois une campagne pour le discréditer. Le Hezbollah a promis de «couper la main» de qui arrêtera des membres de son parti. Nicolas Sarkozy a reçu, ces dernières semaines à Paris, plusieurs des protagonistes de la scène libanaise. Le 2 décembre, il s'est entretenu avec le Premier ministre Saad Hariri, le fils d'ex-Premier ministre assassiné, qui avait avoué que son pays traversait un moment «un peu difficile». Il a également reçu ces dernières semaines le président du Parlement libanais Nabih Berri et le général chrétien Michel Aoun, tous deux proches du Hezbollah. La visite de Bachar al-Assad à Paris intervient aussi alors que la politique de la main tendue de Nicolas Sarkozy à l'égard de Damas a suscité le scepticisme des Etats-Unis, selon des télégrammes diplomatiques révélés par le site WikiLeaks. Certains diplomates américains ont regretté, notamment en 2009, que le rapprochement franco-syrien ait été opéré sans conditions, indiquent ces documents. Les Etats-Unis continuent de considérer Damas comme une source majeure de problèmes au Proche-Orient: transferts d'armes au Hezbollah, soutien au Hamas, ingérences en Irak, indiquent ces câbles. La visite de Bachar al-Assad «va renouveler les efforts syro-français pour consolider la stabilité dans la région, sujet évoqué par les deux présidents lors de leurs précédentes rencontres», estime à Damas Waddah Abed-Rabbo, rédacteur en chef du quotidien al-Watan (proche des cercles du pouvoir). «Le processus de paix bloqué, la situation au Liban et les derniers développements en Irak, ainsi que les relations bilatérales» seront au centre des entretiens Assad-Sarkozy, a-t-il indiqué. Concernant le processus de paix, la France tente, depuis cet été, de conduire une médiation discrète en vue d'une reprise de négociations indirectes entre Israël et la Syrie. Jean-Claude Cousseran, ex-ambassadeur dans plusieurs pays au Proche-Orient et ancien patron des services secrets français (DGSE), a été chargé de cette mission. La Turquie qui menait ces pourparlers indirects, reste en froid avec Israël depuis l'intervention contre la flottille humanitaire pour Ghaza le 31 mai. La France a fait savoir que ses efforts venaient en complément de la médiation turque qui continue d'avoir les faveurs de Damas.