Djaballah reproche au MSP d'avoir failli d'abord à la morale en trahissant sa propre conscience. A l'ouverture de l'assise inaugurale de la session ordinaire de son madjliss ehoura, Cheikh Abdallah Djaballah n'y est pas allé, ce week-end, avec le dos de la cuillère pour fustiger son frère, désormais ennemi, du MSP, Abou Djerra Soltani; El Islah qui aurait eu un deal avec le MSP lors des toutes dernières élections sénatoriales en vue d'une alliance de circonstance, accuse ce dernier d'avoir trahi l'accord, lequel, s'il avait été respecté, aurait permis aux gens du Hamas de sortir grandis du test des sénatoriales. Le chef d'El-Islah a d'abord entamé sa diatribe en direction de Hamas en dénonçant sous des mots à peine voilés le fameux «entrisme» qui a fini par coller comme une étiquette à ce parti : «Que ceux que l'accession au pouvoir n'intéresse pas se recyclent en quelque association de bienfaisance et ne mobilisent plus toute une logistique de parti politique» -on ne peut être plus explicite - «nous ne sommes pas nés de la dernière pluie et notre lutte remonte à l'aube des années soixante dix. Une lutte que nous avons su mener à travers différentes étapes», a-t-il poursuivi. Djaballah, qui s'impose par sa rhétorique comme l'homme de la situation dans une Algérie en proie à toutes les dérives, ne manque pas de signaler le droit qu'a son parti d'accepter ou de rejeter toute alliance qui lui est proposée en fonction d'intérêts que dicte d'abord l'idéal de justice et les enjeux du moment, appelant même à la solidarité des démocrates contre un pouvoir fourbe, invoquant pour cela sa volonté, «contrairement au MSP», de transcender les clivages politiques en vue d'asseoir la vraie démocratie tout en évitant «de dangereux dérapages et autres louvoiements» dont seul le peuple risque de faire les frais un jour ou l'autre. En termes plus explicites Abdallah Djaballah reproche au MSP, qui vient de lui «poser un lapin», notamment à travers trois wilayas lors des dernières sénatoriales, d'avoir failli d'abord à la morale en trahissant sa propre conscience. «Celui dont vous gagnez la confiance et par conséquent la ligne de conduite irréprochable-sa morale- ne peut que réussir!», dira-t-il encore comme pour se jeter des fleurs. Au cours du même week-end et contacté par nos soins, Mokri du MSP, qui est le plus au fait des dernières évolutions post-sénatoriales, a immédiatement réagi à ces graves propos ; selon lui, l'échec que vient d'essuyer El Islah dans trois wilayas respectives que sont: Oran, Skikda et Tebessa, est avant tout le résultat de l'indiscipline des propres militants d'El Islah qui n'ont pas su gérer le déroulement des opérations à travers ces wilayas. A son tour, il s'attaque à la formation de Djaballah qu'il accuse d'avoir saboté les chances du MSP à Blida, ville fief de son parti. «Ils nous ont trahis», dira-t-il à ce propos. Ne s'arrêtant pas là, Mokri précisera que les hostilités ont d'abord émané de l'instance supérieure d'El Islah qui a instruit ses militants, à travers toutes les wilayas, de «ne pas marcher avec Hamas». Cela dit, Mokri reste formel : «Si El Islah a échoué dans quelques circonscriptions, c'est surtout par défection de ses propres militants comme cela s'est vu à Sétif, Aïn Defla, El-Tarf ou Jijel», dira-t-il. Ce dernier reste convaincu que le parti d'Abdallah Djaballah est miné par une crise interne qui ne dit pas son nom et dont les symptômes ont tôt fait de se manifester à la faveur des sénatoriales. Mokri lance le défi à qui veut le relever d'El Islah, pour animer conjointement une conférence de presse où, une fois pour toutes, les choses seront clarifiées à l'opinion. Il relativise cependant en déclarant regretter la tournure que prennent les évènements. «Nous appelons à la sagesse, car ce qui vient de se passer est à mettre sur le compte de l'expérience et de l'acquis politique», dira-t-il, non sans cacher une légère surprise par rapport aux derniers développements. «Notre problème n'est pas avec les partis politiques mais notre préoccupation est celle de sauver la démocratie et le développement en Algérie. notre but ultime est de bâtir de vrais partis politiques forts et d'instaurer l'émulation saine en politique», conclura-t-il. Que d'évolutions en perspective.