Le patron d'El Islah descend en flammes le mandat du président-candidat et ouvre la porte à toutes les supputations. Abdellah Djaballah est officiellement plébiscité par son madjliss echoura comme candidat unique du parti El Islah à la toute prochaine présidentielle. Cheikh Djaballah, qui a eu à se réunir avec les cadres de son parti ce week-end, lors de l'assise inaugurale de la session ordinaire de son madjliss echoura, plus haute instance consultative entre deux congrès, a eu néanmoins à préciser que ce choix à l'unanimité demeure tributaire des évolutions futures et du respect de l'administration quant à ses engagements pour organiser un scrutin empreint de transparence et de régularité. Un préalable que pose le cheikh avec insistance, en invitant la classe démocratique à faire front à tout dévoiement des pouvoirs publics tenus de donner de sérieuses garanties à même d'assurer un scrutin serein. «Nous avons élu à l'unanimité le cheikh, à ce dernier de prendre les décisions qui s'imposeront», a fait savoir le président du madjliss echoura. Cette position équivoque ne fait néanmoins en rien tempérer les ardeurs du président d'El-Islah, lequel affiche un réel appétit de pouvoir. «Il n'y a rien de plus naturel pour un parti politique que d'aspirer à conquérir le pouvoir par la voie de l'urne», fait-il savoir, tout en poursuivant : «Nous voulons le pouvoir non par amour du pouvoir mais parce que nous croyons profondément que le salut de la nation ne peut venir que de notre part.» La conquête du pouvoir est désormais et de toute évidence, une nécessité pour Djaballah qui croit plus que jamais que c'est la seule manière d'opérer les changements qui s'imposent», dont ceux permettant d'asseoir la stabilité, la sécurité et le vrai développement. «Seule la voie royale qui conduit à la magistrature suprême est la clé du sésame pour satisfaire les espoirs de la Ouma qui n'a que trop souffert des déboires que lui imposent des gouvernants pervers et qui ont vendu leur âme à l'Occident. Notamment en faisant la promotion du rapport Benzaghou portant réforme de l'éducation ou en menant en grande fanfare l'Année de l'Algérie en France», poursuit-il. Dans une intervention où le cheikh Djaballah a fait l'éloge des militants de son parti quant à leur esprit de sacrifice et de dévouement à la noble cause qui est celle de gagner la confiance des citoyens. Il n'a cependant pas écarté le possible recours au scénario de 1999 qui a vu le retrait des six d'une course «taillée de toutes pièces au candidat du consensus». Un geste «historique» qu'il a par ailleurs salué, en des termes cachant à peine une invitation aux démocrates, de tout bord, à s'allier à l'ennemi commun: le clan présidentiel qui s'arroge le droit de s'approprier les moyens de l'Etat pour réussir ses coups de force dont le dernier en date est le gel des activités du FLN ; un procédé administratif que Djaballah qualifie de précédent grave, capable de faire basculer de plus belle le pays dans le chaos ; un pays déjà en proie à toutes les éventualités macabres. «C'est là un fait machiavélique qui mérite méditation et analyse», relève-t-il tout en invoquant l'aspect peu reluisant de la démocratie en Algérie ou la séparation des pouvoirs est encore une utopie. En somme, Djaballah décrète publiquement ne pas cautionner un second mandat pour Bouteflika et brandit la menace du boycott si irrégularité du futur scrutin il y a. Sûr de lui, voilà un chef de parti qui se targue d'orienter le sort de toute une présidentielle alors que la classe dite démocratique demeure encore frileuse et peu prolixe sur ce sujet de l'heure. Fort de la base de l'ex-FIS, Djaballah se montre déjà en conquérant. Il compte ratisser large. A méditer.