D'est en ouest, du nord au sud, on est frappé par le nombre de constructions de mauvais goût, d'ailleurs, inachevées et habitées souvent sans le moindre permis de construire. Leur nombre est tellement important que l'on est tenté de nous poser la question de savoir si les instances locales et nationales en charge de la régulation de l'urbanisme et de l'aménagement du territoire sont au fait de ce phénomène devenu un véritable problème national. Ou encore de nous poser une autre question celle de savoir si ces constructions qui ne sont ni esthétiques ni rationnelles ne sont pas un défi aux normes de l'urbanisme, de l'hygiène et de la sécurité? Ces «bunkers» qui côtoient les cités administratives, des banques, des usines, des établissements scolaires et même des institutions hospitalières, ne compromettent-ils pas l'environnement? Si ce dernier est un luxe pour les pays développés, chez nous, force est de constater qu'il est incontrôlable. Qui verbalise qui? Qui ordonne des fermetures et de fortes amendes? En tout cas, cette question au-delà de son caractère de masse, est cependant, une véritable énigme. Dans les sociétés évoluées, les fortunés préfèrent habiter les petites villas, appelées communément pavillons, ou un appartement à la mesure de l'espace qui leur est nécessaire et investir leur argent dans leurs affaires, au lieu de l'immobiliser dans des tonnes de béton avec, pour prime, un manque d'esthétique. En clair, cette manière de construire traduit réellement un état d'esprit des citoyens et une certaine idée de l'urbanisme. On imite l'autre même si le choix est mauvais. L'émulation aidant, on se lance dans une course effrénée pour construire des bâtisses qui, sans être esthétiques, reflètent cependant une certaine inclinaison du genre plus d'espace, plus d'étages et un plus grand nombre de locaux commerciaux au rez-de-chaussée, à louer ou à exploiter, le tout dans une carcasse habitée inconfortablement au milieu de tonnes de ciment, de briques et de sable. Ces nouveaux commerces et ces nouvelles villas-hangars foisonnent à travers toute la wilaya de Annaba avec, pour conséquence, la dégradation à grande échelle de l'environnement, le non-respect et la non-protection de l'espace urbain et des espaces verts. Résultat: la commune de Annaba est insalubre et offre tant à ses habitants qu'à ses visiteurs un paysage de ruralité des plus hideux.