De droite à gauche: Chérifi Chérif, Boudiab Amar, Belanteur Mustapha (seul survivant) et Chaïb Mohand Ourabah C'est lui qui organisa l'enlèvement des époux Meunier, des instituteurs français à l'école d'El Flaye et qui furent transférés au PC de la Wilaya III auprès du colonel Amirouche. En ce jour du 18 février 2013, Journée nationale du Chahid, une cérémonie de baptisation a eu lieu à Akabiou, (Timezrit), son village natal. Désormais, le Cfpa du chef-lieu de la commune portera le nom du glorieux Boudiab Amar, un digne officier de l'ALN. Cette cérémonie fut rehaussée par la présence de M. Belkacem Mellah, secrétaire d'Etat à la Jeunesse et aux Sports, de M.Hamou Touhami, wali de Béjaïa, de M. Bettache Mohamed, président de l'APW de Béjaïa, de certains députés de la wilaya, des autorités locales et de nombreux citoyens et citoyennes venus honorer la mémoire du martyr. Les neveux du chahid, à savoir Amar et Saddek, étaient là, recevant les invités dans la dignité. En notre qualité d'ancien compagnon du chahid, nous avons tenu à mettre en valeur son parcours glorieux dans les maquis. A peine âgé de 20 ans, il rejoint le maquis en février 1956 pour être affecté auprès de Hamai Kaci qui deviendra commandant de l'ALN après le Congrès de la Soummam du 20 Aout 1956. Quelques jours plus tard, il remplacera Rachid Tariket dans ses fonctions de commissaire politique du douar Ath Ouaghlis (Sidi Aïch). Animé de la fougue révolutionnaire, d'un courage extraordinaire et d'un esprit d'initiative exceptionnel, il sillonnait tous les villages du douar, y compris ceux où étaient implantés des postes militaires. En effet, son rôle était de mobiliser la population autour de l'ALN et du FLN, d'organiser les OPA ou de les perfectionner, de tisser un réseau de renseignements sur l'ennemi pour connaître ses effectifs, ses agents de renseignement, ses déplacements et ses failles qui peuvent donner lieu à des actions militaires. Il fut rapidement adopté par la population des Ath Ouaghlis. C'est ainsi qu'il se retrouvait souvent au sein des groupes armés de moudjahidine pour organiser des embuscades, des enlèvements, des attentats contre des officiers de l'armée française ou des indicateurs etc... Il était très proche de ces groupes composés de baroudeurs, comme Aissa Habib dit «Blindé», Chérifi Chérif, Mustapha Belanteur, Bektache Madani, Saddek Ferrani, Mameri Mahmoud.... qui deviendront tous de redoutables officiers de l'ALN. Il sera avec eux début 1957 lors de la récupération d'un FM Bar près du village Sillal, surtout par Cherifi Cherif (Boumansour) et Mustapha Belanteur. Il participait également avec eux à des harcèlements des postes d'El Flaye, de Tibane, de Tinebdar etc...Il s'attellera, mais en vain, à liquider le lieutenant Rachid «Ikih», un renégat et un criminel servant dans les rangs de l'armée française au poste de Tinebdar. Il organisa l'enlèvement des époux Meunier, des instituteurs français à l'école d'El Flaye et qui furent transférés au PC de la Wilaya III auprès du colonel Amirouche où ils prirent connaissance du fonctionnement de l'ALN et du FLN; ils se rendirent compte de la valeur des hommes et des chefs, leur combat avant d'être renvoyés chez eux sur ordre d'Amirouche. C'est alors que l'ennemi vit tout de suite en eux des agents de propagande de la Révolution algérienne et les expulsa illico presto en France et furent interdits de séjour en Algérie. Boudiab Amar nous rendait visite à maintes reprises au PC de la Wilaya III et c'était lui qui nous approvisionnait en papier machine, stencils, machines à écrire et même en ronéo, le tout pour l'impression des tracts, des circulaires et divers documents. En cette période difficile où tout était interdit à la vente, la découverte d'un de ces articles sur un Algérien constituait un acte de guerre, lui Boudiab Amar s'arrangeait toujours à nous les faire parvenir! Au début de l'année 1958, Boudiab Amar organisa avec Saddek Ferrani et les groupes de moudjahidine l'invasion de la ville de Sidi Aïch pour emporter tous les produits pharmaceutiques de la pharmacie appartenant à un européen et plusieurs quintaux de blé, le tout transporté par 35 bêtes de somme. Ce soir-là, les soldats français n'avaient pas osé sortir de leurs fortifications. La rue principale était occupée par les moudjahidine. Devant de tels succès, le colonel Amirouche le nommera adjudant, chef politico-militaire du secteur 4 (Ath Ouaghlis) où il continuera à activer, toujours pour le triomphe de la guerre de libération. Au milieu de l'année 1958, il fut promu au grade d'aspirant, puis de sous-lieutenant dans la Région 3 de la Zone 2. Vers juillet-aout 1958, il livra bataille à Aït Melikèch (Tazmalt) avec une unité de l'armée française accompagnée de ses supplétifs; il tomba les armes à la main, car ce jour-là, l'ennemi était plus fort. Le chahid Boudiab Amar laissa derrière lui des souvenirs inoubliables, tant auprès de nous, que des civils. Sa mort au combat fut un honneur pour sa famille, surtout pour son père qui lui a inculqué l'amour de la patrie et l'esprit de sacrifice; il le prouva en 1952 en se solidarisant avec les grévistes de la mine de Timezrit qui ont osé, pour la première fois dans l'Histoire de la colonisation française, cesser leur travail pendant une durée de 8 mois, malgré toutes les menaces et les représailles. Le père de Amar Boudiab, en guise de soutien, leur assura pendant toute la durée de la grève, l'approvisionnement en denrées alimentaires pour leurs familles. Ce fut là un geste courageux de sa part lorsque l'on connaît les risques auxquels il s'exposait.