Abane Ramdane et Aissat Idir Connu pour être l'architecte du Congrès de la Soummam, Abane Ramdane est aussi, celui qui a eu l'idée de la création de l'Union générale des travailleurs algériens. L'histoire du mouvement syndical algérien n'a pas encore livré tous ses secrets. Beaucoup de choses ont été dites à propos de l'Ugta et de ses hauts faits d'armes durant la révolution. Mais nombreux sont les gens qui ignorent comment et dans quelles conditions l'Union générale des travailleurs algériens a vu le jour et qui sont, véritablement, ceux qui en ont eu l'idée. Selon Tahar Gaïd, un des membres fondateurs et ancien compagnon de lutte d'Aïssat Idir et d'Abane Ramdane, c'est ce dernier qui en a eu l'idée et c'est lui qui a ordonné sa création pour porter la Révolution dans le monde du travail. «L'idée est de Abane Ramdane qui, dès le mois d'octobre 1955, avait songé à la création de l'Ugta afin d'organiser les travailleurs et les impliquer dans la lutte de libération nationale», a-t'il confié au camarade qu'il avait délégué pour le représenter à l'occasion du forum d'El Moudjahid consacré, hier, à la célébration du 57ème anniversaire de la création de l'Ugta. «Abane est l'architecte du congrès de la Soummam et l'auteur de la fameuse déclaration du 1er avril 1955, appelant les intellectuels algériens à rejoindre les rangs du FLN», a-t'il déclaré. Faisant, lui aussi, partie des invités venus pour apporter leur témoignage sur cet anniversaire cher aux travailleurs algériens, un autre conférencier a pris la parole, en faisant une communication qu'il a consacrée entièrement à Aïssat Idir et au grand syndicaliste et patriote qu'il fut durant la révolution. Le présentant comme un authentique patriote qui a commencé, très tôt, à s'intéresser à la politique, Mohamed Abbas a dressé de lui un tableau fort élogieux, en insistant sur son haut degré de militantisme et ses capacités d'organisateur. «Comme beaucoup de ceux qui ont écrit en lettres d'or l'histoire de la Révolution, Aissat Idir a commencé tés tôt à s'intéresser à la politique, en adhérant d'abord au PPA, puis à l'Udma où il fut élu au comité exécutif, avant de rejoindre les rangs du FLN», a-t-il indiqué. L'année 1945 est à marquer d'une pierre blanche car, comme ne manquera pas de le souligner l'orateur, c'est au cours d'elle qu'Aïssat Idir organisa, en compagnie de nombreux autres militants, les premières manifestations qui avaient eu lieu à Bel court. Devenu l'homme à abattre, après la création de l'Ugta, et qualifié par le colonel Godard d'individu très dangereux, Aïssat Idir sera arrêté en 1957, puis transféré à la maison d'arrêt de Barberousse après un passage à la prison de Berroughia. A en croire les témoignages rapportés par M Abbas, «Aissat Idir a été torturé à mort par les soldats du tristement célèbre général Massu. L'ancien Secrétaire Général adjoint de l'Ugta, Abdemadjid Azzi a, quant à lui, consacré toute son intervention à l'histoire de la centrale syndicale et aux conditions qui ont présidé à sa création. Aprés avoir fait part du livre qu'il a écrit et qui retrace son parcours de syndicaliste de 1962 à 1978, M Azzi a précisé que c'était pour ne pas abandonner le terrain à l'Union Syndicale des Travailleurs Algériens qui avait été créée quelques jours plutôt que l'Ugta est née. Selon lui, «l'enjeu principal était d'organiser les travailleurs algériens aussi bien à l'intérieur du pays qu'à l'extérieur.» Il ne manquera pas de souligner l'apport des travailleurs algériens en France et de l'Amicale Générale des Travailleurs Algériens qui les représentent. Abdelmadjid Azzi a, également, confié que les autorités françaises avaient refusé de lui accorder un agrément et que c'est sur intervention de Ferhat Abbas qui avait chargé Ali Boumendjel que la préfecture le lui accorda avant sa dissolution en 1957, après l'explosion de la bombe qui avait ciblé le siège et la découverte de documents que l'administration coloniale jugea compromettants.