Tout porte à croire que le RND va rectifier le tir en rejetant le projet d'amendement de la loi électorale qui sera soumis à l'adoption demain. C'est ce qui ressort des débats qui ont eu lieu hier au sénat. Ainsi, un sénateur de cette formation politique dira sans ambages: «Nous avons confiance que l'armée vote à l'intérieur des casernes. Comme nous avons aussi confiance en le président de la République et le gouvernement.» Enchaînant dans la foulée, son collègue Nasser ajoute: «Des gens demandaient, il y a quelques mois, à l'armée de rentrer dans les casernes. Aujourd'hui, ils la sollicitent pour en sortir. On n'a rien compris.» Les déclarations de ces deux sénateurs RND nous donnent comme un avant-goût de la position qui sera adoptée demain par la formation d'Ouyahia. Le RND qui a voté à l'APN pour cet amendement est en train de revoir sa copie au sein de la haute chambre. Il est vrai que depuis le mois dernier jusqu'à aujourd'hui, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. La dernière sortie du général Lamari, qui a précisé que la neutralité de l'armée ne signifie pas son indifférence à la chose politique, a complètement chamboulé les données. Donc, non seulement l'institution militaire a décidé de ne parrainer aucun candidat à cette présidentielle, mais aussi d'empêcher toute velléité totalitaire à l'occasion de ce scrutin. Cette position rend presque accessoire la problématique du vote des corps constitués à l'intérieur ou à l'extérieur de leurs établissements. Plaider pour le vote de l'armée à l'intérieur des casernes constitue pour le RND l'ultime moyen pour amadouer l'ANP afin de soutenir Bouteflika. Un autre sénateur, Moussa Brahimi, a, lors de son intervention, «remercié le MRN pour avoir initié le projet d'amendement de la loi électorale à l'APN». Tout en exigeant plus de transparence dans les élections, l'orateur remarque qu'«on ne peut organiser un scrutin libre sans la volonté politique des autorités». Lui succédant, un sénateur souligne que «la loi amendée tend à lever tous les doutes sur la crédibilité des élections dans l'avenir». Pour sa part, un autre sénateur représentant du président Bouteflika déclare: «Ce projet de loi consacre la transparence et la confiance entre les citoyens et les autorités.» Toujours d'après notre interlocuteur, «la nouvelle loi renforce l'Etat de droit». De son côté, le ministre de l'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nourredine Zerhouni, affirme que «ce projet va nous pousser à plus de transparence et de démocratie». C'est pour cette raison que «nous sommes favorables à ce projet», explique-t-il. S'agissant de la neutralité de l'administration, le représentant du gouvernement rappelle que «lors des législatives 2002, tous les bureaux de vote ont été sous le contrôle des candidats». Dans ce sens, le ministre observe que «les représentants des candidats peuvent contrôler toute l'opération du vote». Concernant la commission ad hoc créée pour étudier ce projet de loi, le président du sénat, Abdelkader Bensalah, répond à une question orale: «J'ai consulté toutes les sensibilités politiques au sein du sénat en vu de créer cette commission.» Dans cette optique, il faut souligner que les instances de la deuxième chambre restent toujours affectées par l'absence de quatre sénateurs. Le Conseil constitutionnel va procéder aujourd'hui à l'officialisation des nouveaux résultats dans les quatre wilayas où les sénatoriales ont été annulées. Une fois tous les groupes parlementaires installés, le sénat passera demain à l'adoption ou au rejet du texte amendant et complétant la loi relative au régime électoral.