L'onde de choque induite par la crise du FLN risque de faire des dégâts au niveau de la deuxième chambre. Le conflit opposant les deux tendances du FLN s'est déroulé au sein de la chambre haute. En perspective, une guerre sourde se dessine entre les redresseurs et les légalistes. La désignation du groupe parlementaire du FLN au sénat en constitue l'enjeu principal. Les légalistes qui ont récolté quinze sénateurs lors des dernières partielles ont installé leur groupe parlementaire et à sa tête Attia Belkacem. «On a élu le président du groupe et les commissions sont en train de travailler. Ceux qui se disent comme étant des redresseurs ne sont pas avec nous» a déclaré hier, M.Attia. Ajoutant que «la porte leur est ouverte à condition d'avoir un laissez-passer (sic) signé par le secrétaire général du parti Ali Benflis» Comme il fallait s'y attendre, les redresseurs contestent le contrôle du groupe parlementaire du parti par les pro-Benflis. Arguant le fait qu'ils constituent la partie majoritaire avec 18 sénateurs «en plus de ceux du tiers présidentiel qui ont basculé vers le mouvement de redressement», à en croire Si Afif. Ils considèrent que la constitution d'un groupe parlementaire sans leur aval est une fuite en avant voire même un défi. «Nous leur avons demandé d'organiser une réunion pour élire un président, mais ils ont refusé (les légalistes Ndlr)». Aussi le groupe de Si Affif considère que «l'actuel président du groupe parlementaire du FLN ne jouit d'aucune légitimité et son élection est nulle et non avenue», a indiqué Si Affif, hier, précisant que «la décantation ne se fera qu'après la tenue du congrès avant la fin de ce mois». Le règlement intérieur du sénat interdisant l'existence de deux groupes parlementaires pour un même parti, la suite est simple à deviner. A l'horizon se profile un choc frontal entre les deux tendances. Et ce ne sera pas une sinécure pour le président du sénat, Abdelkader Bensalah, de concilier les deux pôles aux signes opposés, afin de sauvegarder la stabilité de l'institution parlementaire. Le Conseil de la nation compte 144 sièges dont deux tiers (96 sièges) sont affectés aux membres élus parmi et par le vote à bulletin secret et direct parmi les élus des APC et des APW. Le tiers restant (48 sièges) est désigné par le président de la République parmi les personnalités et les compétences nationales. Pour son fonctionnement interne, la chambre haute possède cinq vice-présidents, neuf commissions et quatre groupes parlementaires (si on suppose que le MSP en constituera un avec ses dix sénateurs). Toutes tendances confondues, le FLN aura une trentaine de sénateurs, ce qui lui confère le droit de présider au moins deux commissions et d'avoir un poste de vice-président. De ce fait, la guerre des tranchées entre redresseurs et légalistes va affecter le fonctionnement du sénat. Certes elle ne va pas jusqu'à bloquer le fonctionnement de la deuxième chambre mais l'onde de choc induite par la crise du FLN s'y fera ressentir.