À Tizi Ouzou, l'ex-parti unique se trouve au centre d'une guerre d'influence que se livrent plusieurs groupes d'intérêt se disputant la paternité du FLN. La crise que vit le Front de libération nationale au niveau de sa direction nationale a fini par déteindre sur ses démembrements régionaux. En Kabylie, la crise est vécue avec un peu plus d'intensité chez les militants, d'où cette confusion ambiante qui règne au sein du FLN. Entre “redresseurs”, “redresseurs libres”, “légalistes” et autres gardiens du temple, c'est à qui accaparera l'appareil du parti ; chacune de ces tendances défend ses positions en prévision du congrès “réunificateur”, dont la date n'est pas encore arrêtée. La réunion de conciliation prévue jeudi à la mouhafadha de Tizi Ouzou s'est tenue sans la présence des deux groupes de “redresseurs”. Même les membres de la commission nationale chargés de superviser les préparatifs des huitièmes assises ont brillé par leur absence. En effet, le ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Ziari, et son équipe n'ont pas jugé utile de faire le déplacement à Tizi Ouzou. La réunion a quand même eu lieu avec seulement les “légalistes” menés par le fédéral et député Akli Arbouche. L'assemblée générale a été convoquée suite à l'instruction commune signée par Abdelaziz Belkhadem et Abdelkrim Abada. Devant la défection des autres parties en conflit, les “benflisistes” ont installé une commission de conciliation en vue d'aplanir les différends avec les mécontents qui se recrutent dans les rangs des “redresseurs” toutes tendances confondues. Mais ces derniers, comme revigorés par les résultats du scrutin du 8 avril dernier, s'attellent à démolir les derniers “vestiges” de Benflis dans le parti. Outre cette campagne de “débenflisisation”, les “redresseurs” se livrent à une véritable guerre d'influence pour le contrôle de l'appareil du parti. Les “redresseurs libres”, qui s'opposent à la ligne imprimée par le “redresseur” en chef, Belkhadem, s'organisent pour imposer leur vue à l'occasion du VIIIe congrès bis. Le Dr Yennoun, porte-parole des “redresseurs libres”, a animé, le 14 septembre dernier, une conférence à Tizi Ouzou, où il a daigné le droit aux “légalistes” de participer au congrès. “Nous ne contestons pas Benkhadem qui demeure le responsable du mouvement de redressement du FLN, mais plutôt les éléments virulents qui étaient contre la réélection de Abdelziz Bouteflika”, a affirmé le mouhafedh de Bab El-Oued, soupçonné de “rouler” pour Amar Tou. En guise de riposte, les autres “redresseurs” se sont réunis, lundi passé, à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri pour battre en brèche les thèses de Yennoun et du mouhafedh parallèle Naït Sidi Ahmed. Certes, Mustapha Khodja s'oppose aux “légalistes”, mais travaille aussi à devancer les “redresseurs libres” pour un seul objectif : contrôler les assises du FLN. Y. A.