«Leur congrès se déroulera à El-Aurassi et le nôtre se fera dans la rue.» La pente entamée par la crise du FLN connaîtra son point culminant avant le 31 janvier. Le mouvement de redressement organisera officiellement son congrès avant la fin du mois. «Nous n'avons pas fixé définitivement la date du congrès qui se tiendra avant la fin de ce mois, en revanche, on a retenu le 16 janvier comme date butoir pour les quatre congrès régionaux prévus de ce fait la semaine prochaine», a déclaré, hier, Si Afif, président de la commission de préparation du congrès. Etrange coïncidence, le congrès se tiendra à l'hôtel El-Aurassi et dans la même salle où s'est déroulé le congrès contesté. «C'est pour des raisons d'espace, car nous rassemblerons plus de 2000 participants», a indiqué Si Afif ajoutant : «Ne sera congressiste que celui qui a cinq années de militantisme avec carte de militant à l'appui, il sera muni d'un certificat de résidence et d'un casier judiciaire.» A la différence de ce qu'annoncent certaines personnalités, Si Afif a tenu à préciser qu'il ne s'agit pas d'une conférence de cadres mais d'«un congrès dans les normes et les règles de l'art». Pour l'écueil des deux tiers du comité central du 7e congrès, il dira que ce n'est pas un passage obligé puisque «nous sommes devant une situation où la justice invalide un congrès, où la justice demande à un parti de se conformer aux lois de la République et c'est une décision qui vient suite à une plainte introduite par 53 militants dont moi, le 24 décembre dernier». Emporté dans un élan de dissertation sur le verdict rendu par la chambre administrative le 30 décembre 2003, Si Afif égratigne son adversaire: «Benflis est en train de collecter les signatures des membres du comité central du 7e congrès, n'est-ce pas un aveu de sa part que la décision de justice est fondée ? Pourquoi alors s'en remettre au Conseil d'Etat?» Il reste que le congrès des redresseurs demeure un rendez-vous à haut risque en ce qu'il charrie comme dangers aussi bien pour le parti que pour les deux tendances qui se le disputent. Interrogé à ce sujet, le porte-parole du FLN, Abdeslam Medjahed, déclare: «Leur congrès se déroulera à El-Aurassi et le nôtre se fera dans la rue.» C'est à la fois une déclaration et une stratégie de guerre. Medjahed, prompt et concis, lâche d'une façon sèche : «De toutes les manières la réplique aura lieu et au moment, qu'il faudra.» En d'autres termes, le FLN légaliste est décidé à sortir dans la rue pour mener une protestation. Zerhouni déclare, à partir de Tindouf où il se trouvait avec le président, que les manifestations de rue sont toujours interdites à Alger. Si Afif a fait savoir que le mouvement de redressement ne répondra pas aux provocations et fera appel à la force publique pour assurer le bon déroulement du congrès. L'esquisse de ce scénario catastrophe est ainsi donnée. Son avant-goût a été ressenti lors de la manifestation des députés devant le siège de l'APN. Différée à plusieurs reprises, une confrontation triangulaire entre militants du FLN légaliste, militants du mouvement de redressement et les forces de l'ordre risque d'avoir lieu. De ce fait, le congrès des redresseurs produira exactement le contraire de l'effet qu'il s'est assigné - rassembler la famille du FLN. Certes, cette dislocation reste une hypothèse théorique, mais les ingrédients de sa pratique existent bel est bien. Cela sans compter sur l'optimisme qu'affiche chaque tendance en ignorant l'existence de l'autre. Les velléités récurrentes au sein de la machine électorale du FLN risquent bien d'affleurer à force d'être érodées par une convoitise effrénée, la gourmandise et les envolées fantaisistes.