Les troubles qui ont éclaté en Cisjordanie occupée après la mort d'un Palestinien détenu par Israël ont peu de chances d'évoluer en troisième Intifada, mais permettent aux deux camps de faire avancer leur cause en vue de la visite du président américain Barack Obama, selon des analystes. Après plusieurs jours de violences à la suite du décès suspect du détenu palestinien samedi, la tension était retombée hier en Cisjordanie, mais une roquette tirée de la bande de Ghaza s'est abattue en Israël, pour la première fois depuis novembre. Cette attaque a été revendiquée par un groupe armé issu du mouvement Fatah, en «représailles» à cette mort. Le quotidien israélien Maariv a indiqué hier que «L'armée israélienne a relevé lundi une chute du nombre d'incidents, bien qu'elle prévoie que la violence continuera au moins jusqu'à l'arrivée du président Obama le 20 mars» pour sa première visite sur place depuis son arrivée au pouvoir en 2009, poursuit le journal. Selon la radio israélienne, qui cite des hauts responsables militaires, l'armée a reçu l'ordre de faire preuve de «retenue maximale afin de réduire les risques que des Palestiniens soient tués, ce qui fournirait un prétexte pour relancer les violences en vue de la visite d'Obama». «La situation risque de se tendre, surtout à l'approche de la visite d'Obama», a prévenu un des organisateurs des manifestations dans le centre de la Cisjordanie occupée, Essam Abou Bakr, ajoutant: «Nous ne renoncerons pas à exiger un calendrier pour la libération des prisonniers». Les deux camps se rejettent la responsabilité de ces violences, attisées par la question des prisonniers palestiniens d'Israël. Lors d'un discours lundi, puis d'une réunion avec les chefs des services de sécurité de l'Autorité palestinienne, le président Abbas a accusé Israël de vouloir entraîner les Palestiniens dans le «chaos», assurant qu'il ne se prêterait pas aux «plans de l'occupant». «Israël attend de l'Autorité palestinienne qu'elle agisse avec responsabilité pour empêcher les provocations et les violences qui ne font qu'exacerber les tensions», a répliqué le porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahu, Mark Regev. Le président israélien Shimon Peres a néanmoins plaidé hier pour l'apaisement. «Nous n'avons aucune intention de faire monter la pression pour rien. L'Autorité palestinienne comprend que revenir à la violence constituerait une catastrophe, c'est d'ailleurs ce que disent ses dirigeants, nous devons agir ensemble pour ramener le calme», a-t-il assuré. Mahmoud Abbas réclame, pour reprendre les pourparlers de paix, l'arrêt de la colonisation juive et la reconnaissance des lignes antérieures à la guerre de juin 1967 comme base de discussions, mais aussi la libération des prisonniers, en particulier ceux incarcérés avant les accords de paix d'Oslo de 1993. M. Netanyahu rejette ces revendications, disant vouloir des négociations «sans condition préalable. Conscient du risque d'instrumentalisation de la visite, Washington a appelé lundi «les deux parties à la retenue», les invitant notamment à s'abstenir de «déclarations incendiaires».