Evoquer les pourparlers entre Israéliens et Palestiniens c'est vouloir comparer, jusqu'à présent, la nuit et le jour. Israël refuse tout débat sur le dégel de la colonisation de la Cisjordanie. L'Autorité palestinienne rejette l'expansionnisme sioniste. Dimanche soir, les « chantiers vont redémarrer, nous n'auro-ns pas besoin de décision spéciale ou d'annonce», a assuré la ministre israélienne des Sports et de la Culture. Côté palestinien, le président Abbas, qui a le soutien de la Ligue arabe, a jusqu'à présent rejeté tout compromis qui ne garantirait pas un «arrêt total» de la colonisation. Il a affirmé qu'il refusait une «solution partielle». Israël doit «choisir entre la paix et la poursuite de la colonisation», a plaidé le chef de l'Autorité palestinienne samedi à la tribune de l'ONU. L'expiration du moratoire israélien sur la colonisation en Cisjordanie, hier, risque aussitôt mettre à rude l'épreuve le fragile dialogue de paix relancé le 2 septembre dernier entre Israël et les Palestiniens sous l'égide des Etats-Unis. À l'initiative de Washington, les efforts se sont poursuivis jusqu'à la dernière heure pour tenter d'arracher un compromis entre les deux camps. Mais le bras de fer restait entier jusqu'à dimanche dans un climat de super tension au sein de la 65e assemblée générale de l'ONU, puisque Israël maintient sa décision de sur-peupler la Cisjordanie, point d'achoppement des pourparlers de 2010. Le président palestinien Mahmoud Abbas exige la prolongation du moratoire pour continuer les négociations tandis que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a exclu de poursuivre le gel de la construction dans les implantations juives de Cisjordanie au-delà de dimanche. Afin de sauver les pourparlers, la communauté internationale —le président Barack Obama en tête— a expressément demandé à M. Netanyahu de prolonger son moratoire. Israël se dit «disposé à parvenir à un compromis agréé par toutes les parties» mais a répété qu'«il ne saurait y avoir zéro construction» dans les colonies. Quant aux colons juifs de Cisjordanie, ils ont fustigé l'appel du président Obama à une prolongation du moratoire, l'accusant «d'avoir cédé aux menaces des Palestiniens». Ils prévoyaient de poser « symboliquement » dimanche la première pierre d'un nouveau quartier dans la colonie de Revava (nord de la Cisjordanie) afin de marquer le «dégel» de la construction, « grande victoire » de l'Etat sioniste au détriment des Palestiniens. Les colons ont aussi promis de lancer, sitôt l'expiration du moratoire, une série d'appels d'offres pour une relance à grande échelle des mises en chantiers. Tout laisse croire qu'il s'agit d'un grand ballet non seulement dans la construction mais aussi dans la diplomatie pour ramener Israël à la raison pour faire siennes les recommandations de la communauté internationale sous l'égide et de l'ONU et la Ligue arabe et de tous les Etats épris de paix et de justice. Annoncé le 25 novembre 2009 pour une durée de dix mois, le moratoire porte sur les implantations de Cisjordanie occupée, où vivent 300 000 colons israéliens mais pas sur les milliers de chantiers déjà engagés, ni sur la construction de bâtiments publics (écoles, synagogues, bains rituels etc.), ni sur Jérusalem-Est annexée. L'expansionniste risque encore une fois de montrer pour la nième fois son caractère sioniste, faisant fi des principes fondamentaux de l'Organisation des Nations unies. À moins que le Barack Obama ne mette son doigt sur le principal bouton poussoir pour qu'Israël revienne sur sa politique de colonisation.