Le président sortant n'a pas abandonné la mère des batailles qui consiste à récupérer le FLN. Alors que tout changeait dans le monde, rien ne devait se modifier dans le champ politique national. Bouteflika est candidat à la prochaine présidentielle. La rumeur confortablement mûrie vient de se confirmer. Le fait a été vérifié hier, dans une entreprise étatique à Bouzareah. «Munis de formulaires de souscription, des membres du syndicat proche du comité de soutien pour la candidature de M.Bouteflika ont fait la tournée des bureaux de l'entreprise pour collecter des signatures», a rapporté une source proche de l'entreprise. Alors que sa candidature allait être annoncée à partir de Constantine où il se trouve en visite pour la huitième fois, c'est sur les hauteurs d'Alger que l'annonce quasi officielle aurait été faite. Cependant, le retrait des formulaires de souscription n'a pas été confirmé par les services du ministère de l'Intérieur. En réalité, M. Bouteflika a exprimé son intention de briguer un second mandat il y a longtemps, avant même qu'il reproche aux autres candidats d'anticiper un rendez-vous lointain. «Oui, j'ai envie de continuer», a-t-il confié à un journaliste français à la fin de la visite du président français Jacques Chirac, en mars dernier à Oran. Tout s'est ensuite accéléré très vite pour le président-candidat enthousiaste. Depuis qu'il a entamé les sorties dans les wilayas du pays, les appels à la candidature du président sortant se sont multipliés. Fortement médiatisés par l'Entv, ils ont pris au fil du temps l'allure d'une véritable campagne. A tel point que, grisés par l'ambiance, les services de la présidence auraient - volontairement - laissé circuler l'information que M. Bouteflika annoncera sa candidature à partir de Constantine. La visite du chef de l'Etat dans les trois wilayas de l'Est a été interprétée comme une façon de narguer son rival, Ali Benflis, dans son propre fief. A voir le défilé d'élus locaux, de députés, de représentants de la société civile exprimant leur soutien à M Bouteflika, devant les caméras de l'Entv, on croirait que plus aucun électeur ne reste pour les autres candidats. Mais comme les instruments mesurant l'opinion publique sont à inventer en Algérie, le triomphalisme de Bouteflika, rapporté par les médias publics est à inscrire dans le chapitre des impressions, tout comme sa déconfiture d'ailleurs. En attendant, le président sortant n'a pas abandonné la mère des batailles qui consiste à récupérer le FLN. Le congrès des redresseurs a été annoncé pour la fin de cette semaine à l'hôtel El-Aurassi. Un événement à haut risque puisque les légalistes ne semblent pas rester les bras croisés. «Nos militants se défendront par tous les moyens légaux pour empêcher ce putsch unique dans l'histoire de la pratique politique en Algérie», a déclaré le secrétaire général du FLN il y a quelques jours à Bourouba où il a rencontré les élus et les cadres de son parti.