Le doyen des partis du pays semble être sur les traces du RND, dont les statuts prévoient une présidence, demeurée vacante jusque-là. Hier, jusqu'à l'heure où nous mettions sous presse, rien n'était encore joué. La conférence de presse de Boualem Bessayeh, porte-parole du congrès, en présence de deux représentants des deux ailes, a, au contraire, accentué les doutes sur l'épilogue de ce congrès, franchement pas comme les autres, qui plus est, est intervenu en milieu de semaine. A notre question sur la venue ou pas du président Bouteflika, Bessayeh a été autant évasif sur des points, que précis sur d'autres. «Le président de la République se trouve à Abuja» (il devait rentrer hier soir, Ndlr). C'est toute la base militante, à l'aide de nombreux documents et appels, qui a souhaité que le chef de l'Etat devienne le président du FLN. Jusque-là, rien de nouveau. Le conférencier, qui souligne «ne rien pouvoir dire d'autre pour le moment», n'en a pas moins maintenu «l'espoir intact», jusqu'à l'ultime instant. «Un parti aussi fort que le FLN, explique-t-il, a besoin d'une personne aussi forte que Bouteflika.» Défendant avec acharnement cette idée, un peu tardivement peut-être, le conférencier poursuit pour dire que «de pareilles choses existent dans les démocraties les plus évoluées de par le monde, à commencer par les USA et la France». A l'en croire, donc, cette demande ne contrarie en rien les multiples déclarations faites par Bouteflika lui-même, concernant sa volonté d'être le président de tous les Algériens du haut de ses 84,99% de suffrages exprimés. Elle ne dérange pas non plus, selon les termes du conférencier, les activités de l'Alliance présidentielle, pourtant unie autour de la concrétisation d'un seul programme, celui du chef de l'Etat. Toujours est-il que le FLN semble avoir fondé tant d'espoir sur l'acceptation de l'appel lancé à Bouteflika que, sans le moindre risque de se tromper, Bessayeh indique qu'«en cas de refus, ce poste demeurera vacant». Dans le cas où les statuts sont maintenus en l'état et où le président tourne le dos à cette offre, «le poste restera vacant». Le FLN suivrait ainsi les traces du RND, dont les statuts prévoient également un pareil poste, lequel est demeuré sans preneur à la suite de la crise de l'été 1998 et des changements qui en ont résulté à la tête de ce parti. Il convient d'ajouter que le poste de président du FLN accordant à son détenteur de très larges prérogatives comme nous le soulignions dans notre édition d'hier, «ne sera en aucune façon honorifique». Pour ce qui est du poste de secrétaire général du FLN, également porte-parole de celui-ci, selon les nouveaux statuts, Bessayeh confirme ce que la rumeur soutenait avec insistance: «Belkhadem n'a aucun concurrent face à lui.» Il ajoute qu'«au regard du travail fantastique accompli par lui en faveur de la réconciliation et de la réunification des rangs, il sera le seul candidat à ce poste». Il convient de souligner, toutefois, que cette élection ne se fera pas avant une semaine ou deux. Il faudra, en effet, que le congrès élise son conseil national, composé de 550 membres. L'opération devait se dérouler durant la nuit d'hier. Nous y reviendrons en détails dans notre prochaine édition. A la suite de quoi, cette instance, suprême entre deux congrès, aura à se réunir afin d'élire à son tour son secrétaire général, mais aussi son comité et secrétariat exécutif, en lieu et place du bureau politique. Une autre question également posée par nous, a eu un début de réponse en attendant que passe le feu de l'action, que les choses se décantent et que l'on comprenne ce qui s'est vraiment passé. Toujours est-il que Bessayah est formel en indiquant que «la commission chargée de la préparation du congrès a adressé des invitations aux anciens dirigeants du FLN entre 1992 et 1996». La question vise expressément Abdelhamid Mehri et Mouloud Hamrouche, puisque Ahmed Taleb Ibrahimi a, lui, décidé de créer son propre parti. Les concernés auraient donc décidé de bouder ces assises alors que la conjoncture politique présente les a réhabilités de la manière la plus éclatante qui soit à la faveur de la réconciliation nationale. Cette idée, il faut le rappeler, était à cette époque défendue par Mehri, ancien secrétaire général du FLN, et ses proches collaborateurs contre les avis du pouvoir et de nombreux dirigeants actuels du FLN. Le FLN, qui a entrepris une dure et laborieuse mue, se trouve en butte à des problèmes tout à fait logiques dans une conjoncture aussi imprécise et changeante. Dans tous les cas de figure, et quelles que soient les joutes auxquelles se livreraient les congressistes, le premier parti du pays sortira grandi de ce congrès dont la seule tenue représente un véritable défi lancé à la face de tous ceux qui le donnaient pour fini, et qui pariaient sur la persistance d'une crise qui, en fin de compte, n'aura duré que deux années, se drapant, vers sa fin, des atours d'une simple crise de croissance.