Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, s'est engagé à suivre personnellement la mise en application de la réforme du milieu carcéral. La rencontre d'hier, première du genre, entre le responsable du secteur et les directeurs des établissements pénitenciers a permis de passer au crible les différents chantiers de cette réforme. Dans ce sens, M.Tayeb Belaïz insiste sur les objectifs de cette opération qui vise «la promotion des droits de l'homme, ce qui passe par la préservation de la dignité des prisonniers ainsi que l'amélioration des conditions de leur détention». Pour illustrer ses dires, M.Belaïz ajoute : «J'ai veillé en personne pour que ce projet débouche sur la révision des lois régissant les prisons et la réinsertion des prisonniers.» Ainsi, de nouvelles mesures sont assignées au juge d'application des peines lui permettant de décider de la suspension temporaire d'une peine, la possibilité de purger la peine en dehors de la prison ainsi que la liberté conditionnée. En contrepartie, le personnel du secteur bénéficie désormais d'un projet d'amendement de son statut. D'ailleurs, le ministre affirme que ce projet est actuellement soumis à débats au niveau de la Fonction publique. Pourtant, et en dépit des efforts consentis par les autorités, la situation dans les prisons est loin d'être reluisante. Un constat que M.Belaïz reconnaît : «Les services centraux sont appelés à doubler la cadence de leur travail afin de solutionner tous les cas encore en suspens», admet-il. Dans cette optique, le garde des Sceaux souligne «la nécessité de créer un réseau national d'informatique, d'améliorer les programmes de formation et d'entamer la réalisation de la nouvelle école de Koléa». Concernant le problème épineux de surcharge à l'intérieur des cellules, le ministre annonce plusieurs projets visant «à faire face à cet écueil». En ces termes, les responsables s'attellent à créer un réseau d'établissements pénitenciers en conformité avec les normes modernes. Devant la précarité des structures carcérales, la surcharge des cellules et le comportement de certains détenus dangereux, M.Belaïz demande aux directeurs de prisons d'imposer la discipline au sein du personnel pénitencier et de respecter les droits et la dignité des personnes. D'une fermeté à la limite d'un avertissement, le ministre prévient ses subordonnés: «Je ne tolère aucune négligence pouvant toucher à la sécurité des personnes et des biens.» En marge de la rencontre d'hier, M.Titi, chargé des finances et de l'équipement à l'administration pénitentiaire, avoue «sur le volet financier, nous n'avons aucun problème mais, notre ambitieux programme nécessite des sommes supplémentaires». Dans ce contexte, en plus du mouvement opéré récemment dans les corps des directeurs des établissements, le ministre décide de peser de tout son poids pour arracher un budget supplémentaire. En outre, M.Titi déclare qu'un nouvel établissement carcéral, d'une capacité de 2000 prisonniers, va être construit cette année à Koléa qui répondra aux normes modernes. De toute façon, la situation actuelle de nos prisons est engendrée plus par le problème de gestion que par un manque financier. Car, il faut l'avouer, aucun budget, aussi conséquent soit-il, ne peut venir à bout de cette réalité si une gestion adéquate n'est pas mise en oeuvre. C'est dans cette perspective que s'inscrit le séminaire international qui se tiendra aujourd'hui à Alger ayant pour thème «La modernisation de l'administration pénitentiaire». Cette rencontre décisive abordera les conditions d'incarcération, le traitement des mineurs incarcérés, le détenu et le respect de ses droits. Demain, les experts vont se pencher sur sept sujets au sein des ateliers. Il sera question, notamment, des méthodes de gestion et de traitement des détenus ayant des maladies mentales et des déviances sexuelles, l'apport des universités et des écoles professionnelles dans la formation des intervenants en milieu carcéral ainsi que les réalités sociologiques et environnementales de la société algérienne. Le séminaire sera animé par d'éminents experts internationaux tels Riccardo Turrini, responsable de la direction de l'exécution des peines en Italie et Constantin Franziskakis, directeur de l'office pénitentiaire à Genève en plus, bien sîr, des responsables du ministère de la Justice, des psychologues et des médecins. Par ailleurs, on souligne la présence de plusieurs organismes internationaux dont le Cicr, Unicef, OMS et la fondation Friedrich Ebert. Les organisateurs de ce forum n'ont pas jugé utile d'inviter la Laddh même pas à titre d'observateur. Il est difficile de croire à une omission involontaire vu les révélations fracassantes en possession de Me Ali Yahia Abdenour sur cette question qui demeure, apparemment, un tabou chez nous.