Maintenant on sait avec certitude qu'à l'exception des révoltes du dit «Printemps arabe» en Tunisie et en Egypte, les bouleversements qui ont marqué et marquent encore, le Monde arabe du Maghreb au Moyen-Orient, ont été téléguidés, diligentés, voire directement encouragés par et à partir des monarchies du Golfe et de l'Occident sous l'impulsion agissante de certains pays plus engagés que d'autres, à l'instar du Qatar et de la France de l'ex-président Nicolas Sarkozy. Ceci pour fixer les idées, car ce qui a été présenté depuis deux ans comme étant des «révolutions» arabes contre les dictatures ne sont en réalité que des actions de déstabilisation commanditées, voire impulsées de l'étranger. En Libye, où il n'y a jamais eu de révoltes, c'est l'Otan qui a ouvert les portes aux islamistes leur donnant l'opportunité de postuler à un pouvoir qu'ils n'avaient aucune chance d'en rêver autrement. Mais c'est encore le pillage des arsenaux libyens par les terroristes - et les conséquences désastreuses qui en ont résulté sur la région du Sahel avec notamment, la prise par les terroristes des deux-tiers du territoire malien - qui donne la mesure des inconséquences de ceux qui, apprentis sorciers, ont voulu remodeler le Monde arabe à leurs intérêts. Comment comprendre sinon ce bizarre comportement qui voit l'Occident combattre les terroristes au Mali, tout en étant leur allié en Syrie, les finançant, les formant, voire en les armant?! Jeudi encore, lors de la réunion des dits «Amis» du peuple syrien, les pays occidentaux et les monarchies du Golfe ont décidé d'octroyer des «aides» matérielles et financières à l'opposition syrienne, en fait, à la rébellion. Des groupes qui combattent un gouvernement légitime et un président régulièrement élu par son peuple. Bachar al Assad un dictateur? C'est fort possible! Mais est-ce au Qatar et à l'Arabie Saoudite - deux monarchies absolues où le citoyen n'a pas droit de cité - de faire la leçon au régime syrien en matière de démocratie? Est-ce aux Etat-Unis qui, toutes ces années, ont conforté et aidé de toutes les manières les régimes dictatoriaux et autocrates du Monde arabe, de dire aux peuples arabes ce qu'il faut faire? Le Qatar qui (grâce à ses immenses richesses) finance les terroristes au Sahel africain (avec toutes les déprédations et meurtres qu'ils ont commis dans la région), la rébellion syrienne (laquelle sans état d'âme ruine méthodiquement ce pays) et vient de condamner à une lourde peine de prison un poète qatari, Mohammed Al-Ajami, (coupable d'avoir chanté le «Printemps arabe» et réclamé la démocratie pour son pays) est-il vraiment le mieux qualifié pour enseigner les droits de l'homme et l'abécédaire de la démocratie au peuple et dirigeants syriens et par extension du Monde arabe? Ainsi, depuis deux ans, des choses singulières se passent dans cette région devenue un vaste champ d'expériences iniques dont les uniques victimes sont encore et restent les peuples arabes auxquels on veut «transférer» la «démocratie» par la baïonnette, quitte à les exterminer jusqu'au dernier. C'est en fait le cas en Syrie où la rébellion - des déserteurs de l'armée syrienne renforcés par des mercenaires et des terroristes notamment libyens - s'acharne à détruire le pays. Et c'est à cette opposition armée que les monarchies du Golfe et des pays occidentaux promettent une aide «non létale» et des dons financiers conséquents. A Rome, les Etats-Unis, qui ont mis sur la liste rouge du terrorisme le Front Al-Nosra - qui combat le gouvernement syrien et est auteur de nombreux attentats suicides en Syrie - vont octroyer à la rébellion syrienne 60 millions de dollars. Qui dit que ces dollars n'iront pas alimenter directement les caisses de ces terroristes qui figurent sur leur liste noire? Devenu donc un immense champ d'expérimentations non identifiées, le Monde arabe est surtout une cocote-minute qui, à tout moment, peut exploser. Avec les dégâts que l'on peut supposer. De fait, l'effet de surprise qui a joué dans le cas de la Tunisie et de l'Egypte, a fait long feu dans d'autres parties du Monde arabe et singulièrement en Syrie où la guerre entre dans sa troisième année sans que l'on puisse savoir qui en sortira vainqueur et à quel prix? L'Occident et les terroristes poursuivent-ils le même combat? La question mérite d'être posée.