à l'approche du second tour de la présidentielle en Guinée, la situation s'aggrave avec la mort de deux manifestants, mardi dernier, et par le chef intérimaire de la junte au pouvoir d'un ressortissant malien à la tête de la Commission nationale indépendante électorale (Ceni). Siaka Toumani Sangaré, membre de l'Organisation internationale de la francophonie, a été choisi par le général Sekouba Konaté pour présider la Ceni, selon un décret publié tard mardi soir, ont rapporté hier les médias. Ce Malien a été nommé en remplacement du très contesté Louseny Camara. «La nomination d'un Burkinabé, le général Aly Traoré, à la tête du Comité de suivi et de l'évaluation des actes préparatoires du second tour, cette autre désignation d'un officier supérieur d'un pays étranger à la tête d'une institution républicaine démontre que la vie politique guinéenne est tellement bipolarisée sur fond de lutte tribale et communautaire qu'aucun Guinéen ne fait l'unanimité», a relevé le site Guinée News, cité par RFI. L'éviction de Louseny Camara intervient après les menaces du parti de Cellou Dalein Diallo qui l'accuse de soutenir Alpha Condé. Le président de l'UFDG avait ouvertement menacé de bloquer le processus électoral si le désormais ancien président de la Ceni n'était pas relevé avant dimanche prochain. Si ce changement à la tête de la Commission a été favorablement accueilli par les majorité des partis politiques à Conakry, il demeure que la situation demeure précaire après la mort de deux partisans du l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), lors de nouveaux affrontements dans la capitale. Selon un témoin, habitant le quartier Cosa à Conakry, la police a aussi tiré à balles réelles dans plusieurs quartiers soutenant le candidat UFDG Cellou Dalein Diallo. Ce dernier avait déjà fait savoir, lundi dernier, que plusieurs de ses partisans avaient été blessés pendant une manifestation, a rapporté Associated Press. Selon l'UFDG, des militaires assurant la sécurité du chef intérimaire de la junte se seraient attaqués aux populations civiles aux alentours de son siège. Ils auraient même procédé à une trentaine d'arrestations arbitraires parmi les civils qui circulaient dans la rue lors de cette violente descente qui fait craindre le pire pour les jours et semaines à venir. Les citoyens arrêtés auraient été amenés au tristement célèbre camp militaire Koundara, base de ce Bataillon spécial, où ils subiront des actes de violences physiques et morales de toutes sortes, a dénoncé l'opposant Mamadou Madiou Diallo. Le deuxième tour de la présidentielle, prévu pour ce dimanche, risque de connaître de véritables perturbations si les deux camps ne se décident pas à calmer les esprits et si la junte ne consent pas l'effort de tenir un vote libre et transparent. A noter, enfin, que Cellou Dalein Diallo a obtenu au premier tour 43% des voix contre 18% pour Alpha Condé. L. M.