Après le drame, l'idée de reconstruire deux nouvelles usines sur le site de la catastrophe est déjà de mise. En effet, la reconstruction du complexe GNL de Skikda, détruit lundi soir par une explosion, coûtera 800 millions de dollars, a estimé hier le P-DG de Sonatrach, Mohamed Méziane. Ce dernier a indiqué que la production de GNL devrait reprendre «après les vérifications d'usage», sans toutefois donner de délai. Il a précisé, à la radio nationale, que la production devrait reprendre de moitié de ses capacités antérieures, expliquant que l'explosion de lundi soir «avait détruit trois lignes de liquéfaction du gaz du complexe sur les six qu'il comptait». Par ailleurs, les trois autres lignes, qui sont à l'arrêt actuellement, n'ont pas été touchées, «elles correspondent, à peu près, à la moitié de la production du complexe», a précisé M.Méziane. Les trois lignes touchées représentent 3 milliards de m3 de gaz, soit 5 millions de m3 de GNL, selon la même source. M.Méziane a, également, indiqué que l'Algérie avait «une surcapacité» de production en GNL qui pourrait être traitée au complexe pétrochimique d'Arzew. Notons que celui-ci est plus important que celui de Skikda. Pour pallier le déficit engendré par cette perte, le premier responsable de Sonatrach a également évoqué l'éventualité d'augmenter la capacité de la production nationale en gaz naturel. Ce surplus devrait être exporté vers l'Europe «par les gazoducs qui existent, à savoir le Gazoduc Maghreb-Europe (GME) vers l'Espagne et le Transmed vers l'Italie», a-t-il déclaré. A cet effet, la société nationale des hydrocarbures Sonatrach tente de minimiser les dégâts en rassurant ses clients européens en déclarant que l'Algérie saura répondre à la demande de ses clients. «Nous essayerons de couvrir nos commandes et de répondre à la demande de nos clients. Nous prévoyons d'augmenter la capacité du GME avec la mise en exploitation, très prochainement, de la station de compression de Mechria qui va nous permettre d'augmenter la capacité du pipeline de 3 milliards de m3. Donc nous sommes confiants pour pouvoir répondre à nos clients», a-t-il affirmé. D'ailleurs, il est d'ores et déjà prévu la réalisation de deux nouvelles usines sur le site endommagé du complexe de Skikda. Le ministre de l'Energie et des Mines a précisé que ces nouvelles installations auront «une capacité double de celle des trois unités détruites» et seront «réalisées suivant de nouveaux processus». Plus persuasif, M.Chakib Khelil a affirmé que «l'Algérie respectera ses engagements quant à l'approvisionnement de ses clients en gaz». S'agissant des pertes matérielles, l'Etat semble engagé à réparer les dégâts, mais qu'en est-il des pertes humaines? Il est à rappeler que le dernier bilan établi fait état de 27 morts et de 80 blessés. Le président de la République qui s'est rendu mardi matin sur les lieux du sinistre a promis des indemnisations aux familles des victimes. Il reste à savoir quand et comment se feront ces indemnisations. Il y a lieu de noter que 20 personnes parmi les 27 morts ont été identifiées, mardi, selon le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Quant aux autres victimes non identifiées, elles se trouvent encore dans la morgue de l'hôpital de Skikda, selon un responsable de cet hôpital. Les funérailles de plusieurs victimes se sont déroulées en présence du ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, des autorités locales ainsi que des proches des disparus. Une commission d'enquête a été installée juste après le sinistre. Ainsi, les travailleurs de l'usine de Skikda pourront transmettre leurs doléances à ladite commission pour faire toute la lumière sur la catastrophe et déterminer la responsabilité de chacun. Cependant, les premiers éléments d'inquiétude se font sentir sur le marché pétrolier. En effet l'explosion du GNL a accru la nervosité déjà ressentie quant à un approvisionnement énergétique inadéquat. Après avoir connu une hausse mardi matin, les prix du pétrole se sont repliés hier à 31,23 dollars.