L'élection lundi de Ghassan Hitto comme Premier ministre d'un gouvernement intérimaire « contribuera à l'unification » de l'opposition syrienne, a jugé mardi le ministère français des Affaires étrangères, en indiquant ne pas en être au stade d'une reconnaissance formelle. « La France félicite M. Ghassan Hitto pour son élection. Nous sommes convaincus que cette élection contribuera à l'unification de l'opposition et au renforcement de sa cohésion sous l'égide de la Coalition et de son président Moaz al-Khatib », a déclaré mardi Philippe Lalliot, porte-parole du Quai d'Orsay, lors d'un point-presse. « Il n'y aura de solution à la crise syrienne que politique et pour y parvenir, il faut une alternative crédible au régime en place. Cette élection participe à cette crédibilité », a-t-il affirmé. Interrogé pour savoir quand la France reconnaîtra la légitimité de ce nouvel exécutif, comme s'y est engagé en août le président français François Hollande, le ministère a répondu, en évoquant implicitement la formation encore à venir d'un gouvernement: « On n'en est pas encore là ». Le 27 août, François Hollande avait assuré que « la France reconnaîtra le gouvernement provisoire de la nouvelle Syrie lorsqu'il aura été formé ». Estimant alors qu'il fallait « intensifier les efforts pour que la transition politique ait lieu vite », le chef de l'Etat avait appelé l'opposition syrienne à « constituer un gouvernement provisoire, inclusif et représentatif, qui puisse devenir le représentant légitime de la nouvelle Syrie ». Interrogé lors d'un point-presse mardi sur les accusations d'utilisation d'armes chimiques portées à l'encontre de l'opposition, Philippe Lalliot a indiqué n'avoir « pas de commentaire à faire, s'agissant d'une information d'une agence gouvernementale syrienne ». La Russie a aussi affirmé avoir reçu des informations selon lesquelles des rebelles syriens ont utilisé mardi des armes chimiques qui auraient fait 16 morts et 100 blessés dans la province d'Alep (nord). Philippe Lalliot a aussi rappelé que Paris souhaitait convaincre rapidement ses alliés européens de la nécessité de lever l'embargo sur les armes à destination de l'opposition avant le 31 mai. «Si nous n'arrivons pas à convaincre avant cette date butoir, (...) il suffit qu'un seul (Etat) manque pour que l'ensemble du paquet (sanctions+embargo) tombe. S'il tombe, chaque Etat retrouve son pouvoir souverain de décider pour lui-même », a-t-il souligné, en réaffirmant l'espoir de la France d'une décision unanime. Les ministres européens des Affaires étrangères vont avoir une première occasion d'en discuter vendredi lors d'une réunion informelle à Dublin.