La société civile internationale dévoile le caractère colonialiste du régime marocain. Le «mur de séparation» édifié par le Maroc à Al-Frasia, en plein territoire sahraoui, a été avant-hier dans l'après-midi la cible de près de 150 Européens, dont une majorité d'Italiens, qui ont tenu à manifester leur réprobation de la politique coloniale du royaume chérifien. Les manifestants ont marché pendant une demi-heure pour s'immobiliser à quelque 1200 mètres du fameux mur par crainte des millions de mines anti-personnel disséminées tout au long de cette barrière que de nombreux militants de la paix n'hésitent pas à comparer à celui édifié par Sharon en Palestine. «Cette manifestation est non seulement contre le mur marocain mais également pour l'application du plan de paix pour le Sahara occidental élaboré par James Baker, l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan», a déclaré M.Alessandro Martini, maire adjoint de Casta-Fiorentina (Toscane) et un des organisateurs du rassemblement. Par cette action symbolique, les manifestants remettent les pendules à l'heure en rappelant la responsabilité entière du Maroc dans l'enlisement de la question sahraouie, malgré une décision de l'instance suprême des Nations unies qui semble quelque peu hésitante devant le comportement illégal du royaume chérifien. A ce propos, M.Mini ne manque pas d'appeler «MM.Annan et Baker ainsi que le Conseil de sécurité de l'ONU, à exercer davantage de pressions sur le Maroc pour l'amener à accepter le plan Baker». Cette manifestation contre le mur marocain, première du genre, sera suivie le 7 avril prochain par un rassemblement similaire organisé par des ONG espagnoles. Ainsi, la pression de la société civile internationale sur le Maroc va crescendo, et l'on s'attend à d'autres initiatives d'envergure destinées à obliger le Maroc à plier devant la légalité internationale. Avant ces manifestations de soutien à la cause sahraouie, l'ONU a lancé une opération spéciale Aïd El-Adha en affrétant des avions qui ont ramené des Sahraouis des régions sous domination marocaine vers les territoires libérés aux fins de leur permettre de passer les fêtes avec des membres de leurs familles vivant au Sahara occidental. Avant cela, les Etats-Unis ont acheminé, via des ports algériens, des denrées alimentaires et autres matériels aux populations sahraouies. Autant de gestes donc rappelant qu'il existe dans cette région du monde un véritable problème de décolonisation qui ne peut être réglé qu'à travers un processus d'autodétermination. Le Maroc, qui veut à tout prix faire l'impasse sur cette question, est mis en face du drame humain provoqué par son attitude colonialiste.